résulte nécessairement un peu plus de mélange entre les familles nombreuses que nous élevons.
Cependant la France possède encore plusieurs races de chevaux bien distinctes, car l’influence des localités s’exerce assez fortement et par le climat, et par la nourriture, et par le régime, pour que le sang étranger finisse toujours par se confondre dans le sang local, quand on ne cherche point à maintenir par un choix ou un renouvellement attentif les caractères qu’avaient d’abord introduits des étalons d’une autre famille. Le boulonnais, le breton, l’ardennais, le limousin, le landais, le Camargue (pour ne pas les citer tous), sont évidemment autant de bêtes différentes; mais quelques nuances légères dans les formes suffisent-elles pour constituer une race, et les conditions particulières de nourriture et d’élevage n’agissent-elles pas souvent avec la même force que l’atavisme sur la taille et sur certaines proportions de l’animal? Nous croyons (et nous pourrions à ce sujet invoquer des autorités compétentes) que l’on prétend en France avoir plus de races de chevaux qu’une saine critique ne devrait sans doute en admettre. Tout centre de production dit avoir sa race, ou du moins sa sous-race, à laquelle il donne son nom. Quant à nous, les familles les plus importantes sont les seules dont nous voulions faire figurer le nom dans le cadre de nos recherches. Les bêtes du nord auront alors pour type principal le cheval boulonnais; les bêtes de l’est seront représentées par le cheval lorrain, le cheval ardennais et le cheval comtois, les bêtes de l’ouest par le breton, le percheron, le normand et le poitevin, les bêtes du centre par le limousin; enfin le cheval navarrais et le cheval landais serviront d’exemple à nos bêtes du midi.
Si nos principales races se distinguent entre elles par des formes et des qualités particulières, elles diffèrent grandement aussi d’importance, pour peu qu’on regarde au nombre d’animaux qui les composent. Sous ce rapport comme sous plusieurs autres, le nord et par conséquent les races du nord l’emportent de beaucoup. Le Dauphiné, la Provence et le Languedoc sont en effet celles de nos anciennes provinces qui nourrissent le moins de chevaux ; la Normandie et la Bretagne, la Flandre, l’Artois, la Picardie et l’Ile-de-France sont certainement celles qui en possèdent le plus. Ici nous avons des bêtes de gros trait. Là des bêtes de trait moyen ou de trait léger, plus loin des bêtes de luxe, ailleurs des bêtes de selle. Quel est néanmoins, parmi toutes ces races, le genre de chevaux que notre agriculture doit élever de préférence? Il faut d’abord remarquer que l’on ne peut guère changer radicalement ce qui existe là où l’on se trouve. C’est ainsi que, pour ne citer que des extrêmes, on ne produira jamais dans les Landes ou dans le Limousin des limoniers comme ceux qu’on obtient dans le Boulonnais, ni