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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/71

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ainsi : production riche et abondante obtenue au moyen de beaucoup d’avances et de main-d’œuvre, et dont les possesseurs du sol retirent les principaux avantages.


III

Lorsqu’on s’est rendu compte du degré d’avancement de la culture d’une manière directe, en essayant d’évaluer l’importance de la production agricole, on peut contrôler le résultat auquel on est arrivé en cherchant quelle est la quantité de bétail qui garnit les exploitations. En général, plus un pays nourrit de bestiaux, mieux la terre est cultivée et plus elle produit. Outre l’avantage incalculable de l’abondance d’une nourriture animale, si nécessaire pour fortifier les muscles des travailleurs astreints au dur labeur qu’imposent les conquêtes de la civilisation moderne, c’est surtout par l’engrais qui vient de l’étable qu’on peut entretenir et augmenter la fertilité du sol. Aussi les nations qui se piquent de progrès en agriculture se montrent-elles justement fières du nombre et de la qualité de leur bétail, et c’est avec raison qu’elles en font figurer les plus beaux modèles à leurs expositions publiques, comme l’Italie le faisait récemment encore à Florence, à l’exemple de l’Angleterre et de la France. Sous ce rapport, la Belgique n’a rien à envier aux pays les plus favorisés, pas même à la Grande-Bretagne.

Ce qui frappe dès l’abord dans les tableaux publiés par les soins du gouvernement, surtout quand on se rappelle la multitude de petits cultivateurs qui emploient uniquement la bêche, c’est le grand nombre de chevaux qu’en rencontre en Belgique. On en comptait en 1846 294,537, soit 10 par 100 hectares de la superficie totale, tandis qu’en France et dans les îles britanniques on n’en trouvait que 6 sur la même étendue. Sans doute cette notable différence tient en partie, pour le royaume-uni, à la prédominance des pâturages, pour la France à l’emploi plus fréquent des bœufs de travail[1] ; mais il n’en reste pas moins vrai que dans tout pays qui, comme la Belgique, aura en moyenne 15 chevaux d’au-delà de trois ans ou 19 bêtes de tout genre propres au travail par 100 hectares de terres labourables, on pourra dire que l’agriculture dispose de forces suffisantes pour bien exécuter ses travaux, et ce sera un frappant exemple à invoquer contre ceux qui prétendent que les contrées où domine la petite culture doivent manquer de chevaux.

Pour la race bovine, la Belgique maintient également sa supériorité.

  1. On ne comptait en Belgique que 28,244 bœufs et 17,585 vaches employés comme bêtes de trait.