le gouvernement impérial d’Iturbide au Mexique, parce que c’était un gouvernement indépendant. De même, un peu plus tard, pour le Brésil, où s’était élevée une monarchie plus stable. Enfin, à cette même époque, le cabinet de Washington n’avait aucunement la pensée d’insurger le Canada et d’absorber Cuba sous prétexte que c’étaient des pays soumis au régime monarchique.
Quelques années après, lorsque fut entièrement passé le danger qu’on avait prévu en 1823 pour l’Amérique espagnole ou portugaise, la déclaration du président Monroë, cet acte digne et courageux, a été, aux États-Unis, travestie et faussée dans sa signification et dans son objet. On l’a transformée en une défense signifiée à l’Europe de s’occuper des affaires de l’Amérique. Au gré de quelques hommes politiques qui n’étaient pas les moins écoutés de la masse de leurs concitoyens, on l’a interprétée ainsi, que l’Europe devait renoncer à rien posséder en Amérique, sur le continent du moins : on voulait bien lui permettre les îles, et encore n’était-ce pas sans exception, l’affaire de l’île de Roatan l’a montré. Ce paradoxe était érigé en une espèce de dogme par les flatteurs de la multitude, qui, en tous pays, dans sa vanité, qu’elle confond avec la dignité nationale, aime qu’on humilie l’étranger. Il couvrait les desseins des esclavagistes, qui, l’Europe exclue de toute influence en Amérique, entendaient s’approprier, sous le voile d’une vente imposée par la menace, sinon par la force des armes, tout ce qui, dans leurs alentours, serait à leur convenance. Une alliance intime s’était formée, au sein de l’Union, entre les meneurs du sud et les chefs du parti qui portait le nom de démocratique, et cette alliance, qui viciait la politique intérieure des États-Unis non moins que leur politique étrangère, a pendant une suite d’années dominé le pays : c’est elle qui surtout dictait les choix dans les élections à la présidence ; mais il était infaillible que le sentiment public se réveillerait dans la grande république américaine de manière à rendre l’ascendant aux principes de progrès et de liberté. C’est ce qui a eu lieu dans l’élection du président Lincoln.
Alors que subsistait triomphante aux États-Unis l’alliance entre le parti démocratique et le parti esclavagiste, la doctrine dite de Monroë, arrangée par d’audacieux commentateurs, avait déterminé des actes assez nombreux qui avaient blessé profondément l’Europe, c’est ainsi que le commandant Hollins, de la marine fédérale, qu’en cela on a dû croire autorisé par son gouvernement, puisqu’il n’a pas été désavoué, était venu incendier le port principal sur l’Atlantique de l’Amérique centrale, San-Juan-del-Norte, dont on avait changé le nom en celui de Greytown. D’autres actes plus significatifs encore avaient atteint directement celle des puissances de l’Eu-