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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/923

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UN
RÉCIT DU MOYEN AGE

The Cloister and the Hearth, a tale of Middle Ages, by Charles Reade, 4 vols. London. Trübner and C°. 1861.

Parmi les romanciers anglais contemporains, M. Charles Reade nous paraît avoir conquis depuis quelques années une place à part, voisine de celle des plus accrédités, mais qu’on lui a vivement contestée, et qu’il lui a fallu obtenir de haute lutte. Il l’aurait occupée plus tôt, et sa rapide popularité aurait trouvé de plus faciles acquiescemens auprès de la critique, si les très réelles qualités de ce fécond et facile improvisateur eussent été moins mêlées de défauts saillans, de prétentions naïvement étalées, et si un malheureux instinct de « combativité » ne l’avait sans cesse poussé à exercer contre tous ceux qui, justement ou non, s’arrogeaient le droit de le censurer, des représailles toujours trop vives, rarement convenables et nécessairement entachées de quelque ridicule. Doué comme l’est M. Reade, il avait à sa disposition la meilleure et presque la seule revanche dont puisse user un écrivain qui se croit l’objet d’un déni de justice, et sa dignité aussi bien que son repos eussent gagné à ce qu’il ne répondît jamais, puisqu’après tout il réussissait presque toujours.

Un des caractères particuliers de son œuvre est une variété qui surprend. Son instinct de conteur inconstant et vagabond l’entraîne aux entreprises les plus diverses. Avec l’humeur batailleuse d’un bachi-bozouk, il est tout aussi nomade que ces aventureux cavaliers, tout aussi peu disposé à suivre paisiblement sa route dans