C’est un des principaux privilèges de la noblesse en Russie d’être exempte des châtimens corporels, et, en cas de déportation, du voyage à pied et par convoi. Cela n’empêche pas l’application de la torture aux détenus politiques, même nobles, pendant l’enquête ; mais l’arrêt définitif est en général conforme à la loi, et ce n’est que très rarement qu’on y déroge, comme on l’a fait pour le prince polonais Roman Sanguszko. Il est vrai que l’empereur Nicolas avait ajouté de sa propre main à la sentence, quant au mode de voyage du prince Sanguszko, le mot à pied. Grâce donc au hasard de ma naissance, je ne connus pas les aggravations ordinaires d’une condamnation telle que la mienne[1], et qui sont le knout ou leplète et le trajet « par convoi ; » mais comme un grand nombre de mes compatriotes ont subi ces châtimens, comme moi-même aussi je devais rester sous le coup de ces peines une fois arrivé à destination (alors cessaient mes droits de noble d’après l’arrêt), je donnerai quelques détails précis sur ce triste sujet.
Le knout est une longue et étroite lanière recuite dans une espèce
- ↑ Voyez la Revue du 15 avril.