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mines de cuivre, de fer et de plomb argentifère. Des premières on tirait l’airain, l’œs des Romains. Ce métal n’est, comme on le sait, qu’un alliage de cuivre avec le zinc, le fer et l’étain, qui se trouvaient naturellement mêlés au minerai, surtout les deux premiers. On produisait l’airain tout d’une pièce dans le four ou après deux coulées successives, et la relation que nous a faite Pline des opérations métallurgiques des anciens ne laisse à ce sujet aucun doute. Les mines de plomb argentifère étaient surtout exploitées pour l’argent qu’elles renfermaient plutôt que pour le plomb, dont les Étrusques ne paraissent pas avoir connu l’usage comme les Romains. Ainsi l’on n’a trouvé dans aucune ville de l’Étrurie des tuyaux de plomb comme on en rencontre dans les ruines romaines. Les archéologues pensent cependant que certaines balles de plomb en forme de glands que l’on trouve à Campiglia sont d’origine étrusque, et qu’on les lançait au moyen de la fronde ; mais les soldats de Rome et les condottieri du moyen âge peuvent aussi revendiquer leur part dans l’usage de cette arme, aujourd’hui passée de mode. Quant au minerai de fer exploité à Campiglia par les Étrusques, on le mélangeait à celui de l’île d’Elbe, dont la nature calcaire était ainsi corrigée dans le fourneau par la qualité siliceuse du minerai campigliais, facilitant singulièrement la fusion. Aujourd’hui encore, dans les hauts-fourneaux de Marseille, le même procédé est en usage. On y traite du minerai de l’île d’Elbe mêlé à celui de Monte-Valerio, près Campiglia, provenant du filon même des Étrusques.

J’ai déjà dit que l’exploitation des mines de fer, dans l’Étrurie comme dans tous les autres pays de l’antiquité, est venue bien après celle du cuivre, donnant ainsi raison aux poètes, qui mettent l’âge d’airain avant l’âge de fer. Sans plus s’attacher aux récits poétiques, un passage d’un livre attribue à Aristote nous apprend d’ailleurs que les mines de cuivre chez les Étrusques ont ’été fouillées avant celles de fer[1] ; mais le temps a passé sur les excavations du Campigliais, et il est maintenant impossible de déterminer les véritables époques de ces travaux successifs, qui ont dû. cependant procéder de la sorte : cuivre, plomb et argent, fer. La première exploitation a sans doute commencé lors de l’arrivée des Tyrrhéniens en Toscane, et ils auront ainsi importé sur le sol italien une industrie déjà florissante en Égypte et dans l’Asie Mineure. C’est un point de rapprochement de plus des Rasènes ou des Étrusques, comme on voudra les appeler, avec les anciens peuples de l’Orient. L’exploitation de l’argent a peut-être été contemporaine de celle

  1. Le lecteur curieux de vérifier ce point peut consulter, dans les éditions complètes d’Aristote, le livre qui porte ce titre : ΙΙερί Θαυμασίων αχχούσμάτων, et dans la traduction lutine de Mirandis auditionibus.