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Dans l’Unyamwezi, il y a deux races distinctes, les Wakimbu et les Wanyamwezi. Les premiers ne sont pas indigènes ; ce sont des immigrans qui obtinrent la permission de s’établir dans ce pays il y a une vingtaine de masikas, c’est-à-dire de saisons de pluie ; on compte ainsi les années par saisons dans cette partie de l’Afrique. C’est une population pauvre, adonnée aux travaux pénibles. Les tribus Wanyamwezi, propriétaires indigènes du sol, sont la race typique de cette partie de l’Afrique. L’activité, le commerce, une industrie relative, assurent leur supériorité sur les autres races. Ces indigènes sont couleur de sépia, et leurs traits ne portent pas les caractères sémitiques des populations du littoral. Leurs cheveux crépus sont tressés en boucles ou en nattes et pendent comme des franges sur leur cou. C’est une population grande et vigoureuse. Les femmes sont remarquables par l’allongement des seins ; les hommes portent sur la figure une double ligne de coupures s’étendant depuis les tempes et le sourcil jusqu’à la mâchoire inférieure. Quelquefois une troisième ligne marque le front jusqu’à la naissance du nez. Les hommes se décorent en se frottant la face de charbon de bois ; les femmes préfèrent le bleu, et se font autour des yeux de petites cicatrices perpendiculaires de cette couleur. Les Wanyamwezi se déforment les dents, comme tant d’autres sauvages ; ils leur donnent une forme triangulaire, et les femmes s’arrachent les incisives inférieures, ce qui les rend hideuses. Ils s’élargissent aussi les lobes des oreilles. Leurs vêtemens consistent en peaux et en étoffes pour les gens riches ; les femmes portent un lobé bien drapé ; les enfans sont nus, et les jeunes filles ne se couvrent pas la poitrine. Les petits enfans sont portés sur le dos de leur mère dans un sac rattaché au cou. Les ornemens favoris consistent en corail rouge et en colliers d’œufs de pigeons, de coquilles, de dents de jeunes hippopotames. Des anneaux de cuivre massif entourent les poignets et les avant-bras, des cercles d’ivoire sont placés au-dessus du coude, les chevilles sont entourées de clochettes et d’anneaux de fil de cuivre et de fer. Beaucoup portent des charmes donnés par le mganga, sorcier et médecin. Les armes des Wanyamwezi consistent en longues lances, en arcs, en flèches barbelées et empoisonnées ; ils ont aussi des couteaux, des haches. Cette race est belliqueuse et douée d’un grand courage.

La femme près de devenir mère quitte sa hutte et se retire dans les jungles ; elle revient quelques heures après, portant dans un sac sur son dos le nouveau-né. Les jumeaux, très communs dans la race cafre, le sont beaucoup moins ici ; on en tue toujours un. Si une femme meurt sans enfans, le veuf peut réclamer des parens le présent qu’il leur avait donné pour l’obtenir en mariage ; c’est l’enfant