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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 39.djvu/693

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qui hérite. Les naissances sont célébrées par de copieuses libations de pombé. Les mères allaitent leurs enfans jusqu’à la fin de la seconde année ; à l’âge de quatre ans, l’enfant commence à s’exercer avec de petites flèches et de petites lances dont la grandeur et le poids sont augmentés graduellement. C’est toute son éducation. Les noms sont souvent empruntés aux visiteurs arabes. La circoncision n’est pas en usage. L’enfant est la propriété de son père, qui a le droit de le vendre ou de le tuer. Dans les contrées plus septentrionales, notamment dans l’Usukuma, on retrouve un singulier usage, que déjà le docteur Baikie avait remarqué sur le Niger : c’est l’héritage par le neveu maternel ; l’enfant hérite du frère de sa mère. Par une autre coutume qui semble la ruine de toute organisation sociale, les Wanyamwezi abandonnent leur succession aux enfans illégitimes qu’ils ont eus d’esclaves ou de concubines ; ils disent que c’est parce que ceux-là sont dénués de ressources et de protection. dès que les garçons peuvent marcher, ils s’assemblent en troupes. À l’âge de dix ans, tous gagnent leur vie, ils secouent la dépendance paternelle, se bâtissent une hutte et plantent leur tabac.

Les filles demeurent jusqu’à leur puberté dans la maison paternelle ; ensuite toutes celles d’un même village qui sont à l’état adulte, généralement au nombre de sept ou onze, se réunissent et se bâtissent chacune une hutte où elles puissent recevoir leurs amans hors de la surveillance de leur famille. Quand une d’entre elles est sur le point de devenir mère, le jeune homme qui a eu des rapports avec elle est tenu de l’épouser sous peine d’amende, et il en paie une aussi au père, si la femme meurt dans l’enfantement. Pour épouser, le jeune homme a également un prix à payer, qui varie, suivant les avantages et les qualités de la jeune personne, entre une et dix vaches. La cérémonie du mariage est célébrée à grand renfort de tam-tam par des danses et une consommation considérable de pombé. La polygamie est en usage pour les gens riches. L’homme a la charge des bestiaux, de la volaille ; c’est la femme qui travaille la terre. Chacun cultive son tabac. Les veuves quittent leurs demeures et se livrent à la prostitution.

Autrefois, quand un indigène était mort, ses proches traînaient le cadavre par la tête dans une jungle, où les hyènes et autres bêtes fauves ne tardaient pas à le faire disparaître. Les Wanyamwezi étaient opposés à la combustion pratiquée par les Arabes et la traitaient de profanation. Cependant ce mode a fini par prévaloir et s’est imposé à ces Africains. Aujourd’hui le mort, le visage tourné vers le village où est née sa mère, est brûlé avec ses armes. Si c’est un personnage d’importance, on égorge en son honneur un bœuf et une