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à la colonne vertébrale et placé horizontalement à la hauteur des lombes, ce plan partage le squelette humain en deux moitiés, l’une supérieure, l’autre inférieure. Ces deux moitiés ne sont ni semblables ni symétriques, mais l’une est la répétition de l’autre. Les membres inférieurs sont la répétition des membres supérieurs, les os du bassin rappellent ceux de l’épaule, le coccyx est l’image du cou. La tête seule, attribut de la moitié supérieure, manque à la partie inférieure. Le parallèle se poursuit dans les détails, mais il nécessite des connaissances spéciales que je ne puis supposer chez la plupart des personnes qui prendront la peine de lire cette étude.

Le monde est régi par des lois mathématiques. Newton, qui nous a dévoilé celles qui règlent le cours des astres, appelait Dieu le grand géomètre. Il prévoyait que la structure des êtres organisés serait un jour ramenée à des lois également simples, également générales. Les planètes circulent autour du soleil en décrivant des ellipses ; la parabole, route suivie par les comètes non périodiques, n’étant qu’un cas particulier de l’ellipse, celle-ci devient la figure géométrique fondamentale de la mécanique céleste. Dans le sein de la terre, les minéraux cristallisent en polyèdres suivant des lois immuables. Malgré leurs apparences si variées, tous ceux dont la composition chimique est la même ont une même forme primitive d’où dérivent les formes secondaires : ainsi l’on compte huit cents formes cristallines du carbonate de chaux ; elles dérivent toutes du parallélipipède, forme primitive de cette substance.

La figure géométrique suivant laquelle sont disposées les parties qui composent les êtres organisés, c’est la spirale ou plutôt l’hélice, qui n’est qu’une spirale enroulée autour d’un cylindre. Cette spirale a été poursuivie dans le règne végétal par Alexandre Braun, Schimper et Bravais. Prenez une branche de poirier bien droite, un rameau dit gourmand, puis choisissez une feuille quelconque pour point de départ, et appelez-la zéro ; comptez ensuite successivement les feuilles en montant et en les numérotant 1, 2, 3, 4 ; arrêtez-vous à la feuille 5, vous verrez que vous avez fait deux fois le tour de la branche, et que la cinquième feuille est placée directement au-dessus de la feuille zéro. C’est la figure appelée quinconce, et l’angle qui sépare une feuille de la feuille suivante est égal aux 2/5es de la circonférence. Les différentes pièces qui composent la fleur, savoir les sépales, les pétales, les étamines et les carpelles, sont également disposés en spirale ; seulement cette spirale est tellement aplatie qu’elles semblent rangées sur autant de cercles concentriques. Lorsque les organes sont nombreux et rapprochés, exemple les rosettes des joubarbes (sempervivum), les grandes fleurs des composées,