Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 39.djvu/886

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le casoar et l’apicrix de la Nouvelle-Zélande, l’énorme accroissement des jambes est balancé par le développement imparfait des ailes, qui sont courtes dans l’autruche et nulles dans le casoar et l’apterix.

Veut-on des exemples tirés de quelques parties spéciales, et non de l’animal tout entier ? L’homme est le seul mammifère dont la main et le pied soient parfaitement distincts l’un de l’autre. C’est un fait de balancement des organes. À la main, les doigts sont longs, flexibles, et le pouce séparé ; mais la partie appelée le carpe, qui joint la main à l’avant-bras, est composée de sept petits os unis entre eux. Au pied, organe homologue de la main, ces sept os existent également, mais ils sont beaucoup plus gros. L’un d’eux en particulier, le calcanéum, qui forme le talon, est représenté à la main par le pisiforme, dont le volume ne dépasse pas celui d’un pois. Les os du métatarse formant la plante du pied sont également plus gros et plus longs que ceux du métacarpe qui constituent la paume de la main. Le balancement des organes se manifeste par la brièveté relative des orteils, comparés aux doigts. Chez le singe, qui a quatre mains, le talon n’existe pas, et les doigts ont sensiblement la même longueur aux quatre extrémités ; mais l’ours, qui marche sur la plante du pied, a les doigts de la patte antérieure relativement plus longs que ceux de la patte postérieure. Il peut saisir un bâton avec sa patte de devant, mais ne saurait le faire avec celle de derrière. Le cheval est un solipède ; il marche sur un seul doigt, correspondant à notre doigt du milieu, et revêtu, d’un ongle appelé le sabot. Ce doigt unique, très volumineux, comme chacun sait, est porté par un os, également unique, appelé canon. Ce canon, c’est un des cinq os métacarpiens de l’homme, des singes, des chauves-souris. Son volume est énorme, sa longueur considérable ; aussi les autres métacarpiens sont-ils réduits à deux minces stylets effilés en pointe, et sans usage. Ces stylets représentent nos métacarpiens du doigt indicateur et de l’annulaire ; quant à ceux du pouce et du petit doigt, ils ont complètement disparu. Ainsi ce doigt unique, en se développant outre mesure, a pour ainsi dire absorbé toute la substance que la nature destinait à la formation des cinq doigts dans les animaux supérieurs. Chez les ruminans (cerf, bœuf, mouton), il y a deux doigts et deux métacarpiens soudés. Dans le porc, il y en a quatre ; mais chacun sait combien le volume relatif de ces doigts est moindre que celui du doigt unique qui forme le sabot du cheval.

Voici un exemple du même genre. La jambe d’un quadrupède se compose de deux os : le péroné en dehors, le tibia en dedans. Dans les marsupiaux, qui occupent les échelons inférieurs de l’ordre des