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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 39.djvu/893

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IV. — CONSTRUCTION DU TYPE VEGETAL ET DU TYPE ANIMAL.

Tous les organes du végétal n’étant que des feuilles transformées, une plante peut se réduire à un axe formé par la tige et la racine et supportant une ou deux feuilles ; le type se trouve donc réalisé au moment où la graine s’entr’ouvre pour donner issue à l’embryon. Tous les organes subséquens ne seront que la transformation des feuilles primordiales que le botaniste désigne sous le nom de cotylédons. Une plante simple n’a qu’un axe, un arbre est une réunion d’individus vivant sur un tronc commun ; c’est un polypier végétal. Chaque bourgeon représente un individu. Le jardinier qui fait une bouture sépare un de ces individus du tronc commun et le met dans les conditions telles qu’il puisse subsister isolément et reconstituer à son tour une nouvelle agrégation, c’est-à-dire former un nouvel arbre.

La construction du type animal est loin d’être aussi facile. Si les animaux inférieurs se rapprochent des plantes, combien les êtres supérieurs, les mollusques, les annelés, et surtout les vertébrés, ne s’en éloignent-ils pas ? Aussi ai-je besoin de faire un nouvel appel à la curiosité, mais aussi à la patience du lecteur. Je voudrais lui donner une idée des essais tentés par les anatomistes et les zoologistes philosophes pour construire ce type idéal sur lequel les animaux ont été façonnés. Leurs efforts ont porté jusqu’ici sur les vertébrés comme étant mieux connus, quoique plus compliqués. Le problème avait été posé par Condorcet : éexaminer les rapports qu’ont entre elles les différentes parties d’un même individu pour en déduire ces deux caractères que la nature paraît avoir imprimés à tous les êtres, celui de la constance dans le type et la variété dans les modifications. » Vicq-d’Azyr avait indiqué la marche à suivre dans son mémoire sur la comparaison des membres. Leur analogie, reconnue déjà vaguement par les anciens, a été démontrée par cet illustre anatomiste, puis poursuivie jusque dans ses détails par Gerdy, Bourgery, Gruveilhier, Flourens, Owen, Holmes-Goote et l’auteur de cette étude. Il est universellement admis aujourd’hui que le bassin est la répétition de l’épaule, la cuisse du bras, la jambe de l’avant-bras, le tarse du carpe et le pied de la main.

Vers la fin du dernier siècle, une nouvelle analogie fut reconnue, celle de la tête avec les os qui composent la colonne vertébrale. Ici encore nous trouvons le grand nom de Goethe inscrit à l’entrée de cette voie nouvelle ouverte dans le champ de la science. Déjà, pendant son séjour à Strasbourg, en 1770, il avait suivi des cours d’anatomie,