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politiques qui agitèrent la Toscane vers cette époque attirèrent aussi son attention ailleurs. Toutes les républiques italiennes et Florence elle-même étaient successivement tombées : la volonté d’un seul avait pris la place de l’initiative individuelle. Les Médicis, devenus grands-ducs et vassaux de l’Autriche, de marchands qu’ils étaient, essayèrent vainement de rouvrir les mines toscanes. Ils échouèrent dans la Maremme aussi bien qu’au nord du grand-duché, dans les Alpes apuanes. Ces derniers gisemens, aussi intéressans que ceux que j’ai déjà fait connaître, ne furent pas moins activement exploités par les Étrusques d’abord, au temps de la ville de Luni la métallifère, et pendant le moyen âge ensuite, par la république de Lucques et les seigneurs de Vallecchia et de Corvaja. De nos jours, M. Porte, que j’ai déjà cité à propos des alunières de Montioni, a tenté de reprendre tous ces vieux travaux. Il est mort à la peine, ruiné ; mais son exemple a porté des fruits. Si la plupart des mines de la Maremme n’ont pas encore donné les bénéfices qu’on est en droit d’attendre d’une exploitation régulière, on peut citer les mines de cuivre de Monte-Catini, près Volterra, et celles de plomb et d’argent du Bottino, dans les Alpes apuanes, comme une preuve de ce que peuvent produire dans l’industrie minérale la patience et la bonne administration. Les bénéfices de la première de ces mines se comptent chaque année par millions, et ceux de la seconde par centaines de mille francs. Je les ai visitées l’une et l’autre, et c’est sur les lieux mêmes que j’ai pu me convaincre de leur richesse. Que ces faits servent de leçon ; que les gîtes de Toscane soient enfin exploités avec l’esprit de suite et les capitaux convenables, et les mines de cette riche contrée verront enfin renaître les splendeurs d’un passé qui a laissé de si remarquables traces.


IV. — MONTE-ROTONDO ET LES SOFFIONI.

Massa et les localités environnantes, dont je parcourus toutes les anciennes excavations, interrogeant partout et le sous-sol et la surface, n’offrirent plus bientôt à ma curiosité aucun appât inconnu, et je poussai vers d’autres lieux. Les soffioni de Monte-Rotondo, projetant dans l’air, à peu de distance de Massa, leurs blanches colonnes de vapeur, semblaient m’inviter à des études d’un nouveau genre et m’attiraient vers des sites que je n’avais point encore visités. Je répondis à cet appel, et par une triste et brumeuse matinée de novembre je dis à l’albergo del Sole un adieu définitif.

Le scirocco, ce vent humide du sud-est, qui apporte sur les maremmes italiennes un redoublement de fièvre, soufflait avec une violence inaccoutumée. Le ciel avait pris une teinte de plomb. De larges gouttes d’eau, tombant par intervalles, laissaient leur empreinte