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leures ; parmi celles-ci sont incontestablement les dishley, le new-kent et le les south-down. Les deux premières variétés conviennent plus particulièrement à nos provinces du nord et de l’ouest, ainsi qu’aux fermes où l’on peut disposer en faveur de la bergerie d’une nourriture très abondante. Le south-down, lui, est plus rustique, — si néanmoins une bête façonnée pour un engraissement précoce peut être qualifiée de rustique. Il est en somme moins exigeant, et dès lors plus convenable dans les exploitations du centre de la France[1]. Le seul reproche qu’il mérite s’adresse à la laine, qui manque de suint et ne se développe jamais avec abondance. Quant au cotswold, quoiqu’il ait des formes admirables, nos cultivateurs ont sans doute eu raison de ne point l’adopter, parce qu’il passe pour racer mal, et que d’ailleurs il n’est pas supérieur au dishley, dont la laine est meilleure, et dont l’influence sur le troupeau se maintient plus active. C’est avec des béliers new-kent qu’a été obtenue la race de la Charmoise. La race d’Alfort, qui jouit maintenant d’une si grande faveur, parce qu’elle réalise à un degré fort remarquable, grâce aux soins éclairés et à la persévérance de M. Yvart, qui en est le créateur, l’alliance de la laine et de la viande, la race d’Alfort est due à l’intervention des dishley et des mauchamp. Cette nouvelle famille a perdu les cornes et le fanon qui distinguent les bêtes mérinos, tout en conservant une richesse de toison suffisante, et" en empruntant au sang dishley de belles formes et de la précocité. C’est donc une race de boucherie fournissant une toison meilleure qu’aucune race anglaise. Tel est le type obtenu déjà; tels devraient être, en bonne économie rurale, la plupart des troupeaux que la France entretient.

Comme la brebis, la chèvre nous donne de la viande, une toison et du lait. Le lait de la chèvre est beaucoup plus abondant que celui de la brebis, et plusieurs départemens le transforment en fromages, parmi lesquels les produits du Mont-d’Or lyonnais conservent une grande réputation. La toison ou plutôt les poils des animaux de l’espèce caprine n’ont que peu de valeur, du moins chez la chèvre commune, et la viande ne plaît pas à beaucoup de personnes.

Pendant les trente années qui se sont écoulées de 1826 à 1857. la France n’a importé que 209,900 bêtes caprines, et elle n’en a exporté que 58,560[2]; elle n’en nourrit guère plus d’un million et

  1. Le concours de Poissy (16 avril 1862) a signalé à l’attention de nos cultivateurs une race nouvelle, la race shropshire, que la France ne connaissait pas, et qui paraît se multiplier assez rapidement en Angleterre. La sobriété, la rusticité et le rendement en viande nette de ces animaux passent pour être fort remarquables.
  2. La plupart de ces rares transactions ont été accomplies avec les états sardes et avec l’Espagne.