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demi sur la surface de son territoire, et encore la Corse possède-t-elle à elle seule le dixième environ de notre population caprine tout entière. Excepté dans le Languedoc, le Dauphiné, la Provence, la Guienne et la Gascogne, notre agriculture ne laisse à la chèvre qu’une importance assez restreinte. Cela tient aux dégâts considérables que commet cet animal. Aussi la chèvre n’a-t-elle sa raison d’être que sur les rochers inaccessibles aux autres animaux, et qu’elle gravit avec agilité. Elle devient encore utile quand on l’adjoint en petit nombre aux troupeaux transhumans. Elle profite alors de ce que délaissent ou ne peuvent pas atteindre les moutons, et elle sert en même temps de bête laitière au pasteur.

L’extrême facilité avec laquelle la chèvre se nourrit de toute sorte de débris, de feuilles et de végétaux ligneux, lui a fait donner le surnom de vache du pauvre. C’est à ce titre seul que peuvent l’admettre des contrées assez fertiles pour entretenir une espèce d’animaux plus précieuse.

Afin d’augmenter la valeur des services rendus par la chèvre, on tente maintenant de substituer à la race commune des reproducteurs de la race d’Angora. La quantité de riche duvet que ces derniers fournissent dans leur pays natal diminuera-t-elle notablement en France, ainsi que cela est arrivé pour les chèvres du Thibet que l’on avait autrefois introduites? La chèvre d’Angora sera-t-elle aussi robuste et donnera-t-elle autant de lait que celle que nous possédons? Il serait sans doute imprudent de répondre par avance à ces questions, car l’expérience, déjà plusieurs fois commencée, est reprise aujourd’hui par la Société d’acclimatation. Cependant, et alors même que ces tentatives réussiraient, la nouvelle bête à toison plus précieuse ne pourra pas davantage être admise dans les contrées qui, par suite des progrès de la culture, ont dû proscrire l’ancienne. Qu’elle soit d’Angora, du Thibet ou de France, la chèvre sera toujours chèvre, c’est-à-dire toujours dangereuse pour les bois, pour les vignes, pour toutes les cultures arbustives, et comme nos fabriques de tissus ont encore plus besoin de laine que de duvet d’Angora, on peut affirmer que la vache et le mouton, partout où ils peuvent vivre, resteront bien certainement préférables.


III. — L’ESPECE PORCINE ET LA BASSE-COUR.

Les animaux dont il nous reste encore à parler n’occupent, dans l’économie générale de la plupart des fermes, qu’une place secondaire; ils y constituent ce qu’on nomme la basse-cour. Tels sont les cochons, les lapins et les volailles.

Dans toute exploitation rurale, le cochon est indispensable. Prompt à s’engraisser, fournissant à l’abatage une chair que l’on peut saler