stances ? Ses efforts ont-ils été sincères ? Quels fruits la Grèce en a-t-elle retirés ? Le programme que la constitution a tracé au souverain soumis était-il en rapport avec les mœurs publiques, les habitudes sociales, les coutumes administratives du peuple triomphant ? Ce programme n’était-il pas lui-même un anachronisme dans l’histoire de la Grèce moderne ? Telles sont les questions que les représentans des puissances se proposèrent d’examiner et de résoudre.
La commission constata d’abord, au premier chef, l’impuissance et l’incurie de l’administration financière. Depuis l’arrivée du roi Othon jusqu’à la veille de la révolution de 1844, l’ensemble des droits acquis au trésor (recettes intérieures) s’était élevé à la somme de 159,103,424 drachmes 23 leptas, et les recouvremens à celle de 138,412,648 drachmes 94 leptas[1], ce qui constituait un arriéré de 20,690,775 drachmes 29 leptas. D’un autre côté, pendant la même période, les dépenses intérieures étaient montées à 152,627,336 dr. 33 leptas, en sorte que l’ensemble du déficit eût été réellement de 14, 214, 687 drachmes 39 leptas, si le gouvernement ne l’eût comblé à l’aide des ressources extérieures que lui procuraient les emprunts. La Grèce ne payait pas ses créanciers, et nulle amélioration sérieuse n’était venue compenser les sacrifices qu’ils faisaient pour elle. A la suite des mémorables événemens de 1844, cette situation aurait dû recevoir des améliorations sensibles, puisqu’elle avait été, disait-on, une des causes principales de la révolution qui allait régénérer le pays. La responsabilité ministérielle, le vote préalable des impôts, la présentation des budgets, l’examen et l’approbation des comptes, en un mot le contrôle législatif des chambres devait nécessairement perfectionner la gestion des ressources de l’état. Cependant il fut prouvé que ce salutaire contrôle, le plus sacré des privilèges de nos assemblées constitutionnelles, n’avait pour ainsi dire jamais été subi, et que l’indifférence générale n’en avait point réclamé l’usage. Sur une douzaine de budgets, deux ou trois seulement avaient été mis sous les yeux du corps législatif avant l’ouverture de l’exercice, et plusieurs n’avaient été promulgués que dans les derniers jours de l’année qui leur donnait son nom. La plupart des comptes d’exercice n’avaient jamais été produits devant les chambres ni demandés par elles, et il est permis de supposer qu’ils n’eussent jamais été présentés par l’administration, si la commission financière ne les eût sollicités avec instance. Aucun ministre ordonnateur n’avait exposé publiquement son administration financière, et par conséquent aucune loi des comptes n’avait pu être rendue. La loi de 1852, qui devait préciser davantage les obligations de la res-
- ↑ Le budget annuel des recettes intérieures montait en moyenne à un peu plus de 13 millions de drachmes.