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fertile en conséquences tragiques ! Amanda mariée retrouve Aristes, Aristes désappointé, dont elle a irrité d’abord, puis indignement déçu la passion quelque peu sauvage, Il a juré de se venger ; il se venge en effet au. moyen d’un déguisement qui lui a permis d’entrer comme jardinier au service de son rival. Attirée sous un vain prétexte dans une maison dont ce discourtois cavalier dispose en maître absolu, Amanda se voit réduite, — crainte de pis, — à se laisser enlever, et c’est après s’être ainsi compromise au premier chef qu’elle arrive, fort heureusement pour elle, chez le frère de son ravisseur. Ce frère est marié. Sa femme et lui veulent bien croire, malgré les apparences contraires, à ce qu’Amanda leur dit de son innocence, encore intacte, et le farouche Aristes se voit arracher sa vengeance, alors qu’il avait bien le droit de la regarder comme certaine. Zia, l’honnête Zia prête une oreille favorable aux explications de son erratique moitié, et la paix plu ménage n’est pas détruite par cette aventure, dont le héros vient d’ailleurs de disparaître, frappé par la foudre tandis qu’il s’éloignait au grand galop de la demeure fraternelle. Amanda du moins est-elle à jamais, corrigée ? On voudrait l’espérer, mais on…en doute malgré soi, et on s’inquiète de voir, le confiant Zia laisser grandir chez lui, sans y prendre garde, un adolescent d’une beauté remarquable. Ebur, — ainsi se nomme ce nouveau, personnage, — est d’abord, un compagnon de jeux pour le fils unique d’Amanda ; mais cet enfant meurt, la jeune mère, qui croit de bonne foi reporter sur Ebur l’affection pure et sainte dont l’objet vient de lui être enlevé, ne laisse pas d’inspirer à cet adolescent un amour très peu filial, et peu à peu, sans qu’elle s’en doute, de partager cet amour coupable. Si peu clairvoyant et si indulgent qu’il puisse être, messer Zia, finit pourtant par s’alarmer, et à bon droit, en voyant un jour son jeune hôte essuyer de ses lèvres une larme tombée sur les cheveux bouclés d’Amanda. Celle-ci, vivement blessée d’une méfiance, qu’elle s’obstine à croire imméritée, n’y répond que par un transport de colère, et comme Ebur, ému de quelque remords, se dispose à s’éloigner, elle le supplie de n’en rien faire. Peut-être persisterait-il dans sa vertueuse résolution, mais Zia, fidèle à ses antécédens, s’est calmé soudain devant les apostrophes indignées d’Amanda ; il excuse donc, et demande, lui aussi, à son hôte de rester vingt-quatre heures encore, afin de témoigner ainsi que d’injustes soupçons injurieusement exprimés n’ont pas altéré leurs bons rapports, il fait mieux : après avoir prié sa femme de leur chanter une tendre romance qu’Ebur à composée pour elle, il s’éloigne, les laissant tête à tête. Toujours confiante dans la pureté de sa tendresse, Amanda s’abandonne aux plus vives effusions avec l’ami qu’elle va perdre. Zia, qui