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M. DE CAVOUR
ET
LA CRISE ITALIENNE

Le Comte de Cavour, récits et souvenirs, par M. W. de La Rive. Paris, 1862.

La crise que traverse aujourd’hui l’Italie peut affliger, mais ne saurait, à vrai dire, surprendre personne. Voici longtemps que les esprits réfléchis la sentaient venir, et depuis quelques mois elle était devenue à peu près inévitable. Pourquoi a-t-elle si vite éclaté ? Comment l’heure fatale des épreuves a-t-elle sonné si tôt pour cette œuvre laborieuse et compliquée de l’unité italienne ? C’est ce que je voudrais rechercher brièvement, sans passion d’aucune sorte et sans parti-pris. Assez d’autres ont prodigué l’excitation à ces ardentes populations alors qu’elles avaient surtout besoin de sages avertissemens ; assez d’autres, et les mêmes peut-être, leur jetteront l’injure, si la destinée les trahit. Pour moi, je ne saurais oublier que j’ai passé au milieu d’elles les momens les meilleurs et les plus agréablement occupés de ma vie. J’étais en 1840 chargé d’affaires à Naples ; en 1835, je faisais à Rome l’intérim de premier secrétaire après avoir rempli les mêmes fonctions à Turin vers 1833. Faut-il tout dire ? mes souvenirs remontent plus loin encore, et j’ai compté parmi les nombreux attachés de cette brillante ambassade dont M. de Chateaubriand a laissé à la postérité un récit plus pittoresque peut-être que fidèle. Des motifs indépendans de ma volonté m’ont, il y a quelques mois, ramené au sein de ces gracieuses contrées, déjà si connues