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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/12

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des patriarches, soit les peuples placés sous un régime féodal semblable à l’organisation politique et sociale qui était en vigueur parmi les nations de l’Europe il y a six ou huit siècles. Tout cela subsiste et même affecte de faire bonne contenance à côté des puissantes monarchies, à peu près toutes représentatives aujourd’hui, qui occupent les parties les plus prospères de l’ancien continent, et en face des républiques grandes ou petites qui sont éparses sur la surface du nouveau. Chacune de ces combinaisons de gouvernement et de société a son cachet qui se reconnaît sur les produits mêmes de son industrie. À ce propos, je puis citer les divers rameaux de la civilisation asiatique ou orientale, si différente dans son génie de la civilisation occidentale ou chrétienne. Leurs productions sont moins variées que celles de l’Europe. Plusieurs n’en sont pas moins intéressantes ; elles ont dans la forme et dans l’aspect une originalité qui saisit l’attention et excite souvent l’admiration même. Ainsi les expositions de l’Inde, de la Chine et du Japon méritent d’être regardées de près et avec soin. L’Inde surtout fait bonne figure à l’exposition. L’île de Java, qui est une des plus riches colonies du monde, mais qui reste peuplée à peu près exclusivement d’Asiatiques, s’y montre aussi fort à son avantage.

Par une dérogation dont les curieux ne se plaignent pas, on trouve à l’exposition un petit nombre d’objets qui remontent à des peuples depuis longtemps disparus. Les vitrines de l’Égypte offrent aux regards du public étonné des bijoux en or dont se parait une reine cinq cents ans avant Moïse, et des statuettes en terre cuite auxquelles on attribue une antiquité de quinze cents ans plus reculée. Les bijoux en or sont d’un bon dessin et d’une exécution très soignée. C’est la preuve que la civilisation est bien ancienne sur les bords du Nil, la preuve aussi que l’attention de l’homme et son sentiment du beau ont été captivés de temps immémorial par les qualités de ce métal. Il semble que la beauté de l’or ait des l’origine excité et développé l’adresse et le talent de l’ouvrier.

Dans le giron même de la civilisation occidentale, la plupart des colonies se distinguent par ce caractère, qu’elles se consacrent presque absolument à la production des matières premières : ici, comme en Australie, la laine d’innombrables troupeaux, et puis du cuivre, et puis de l’or ; là, comme au Canada et dans les provinces attenantes, des spécimens multipliés de bois bruts ou dégrossis, ou façonnés en des formes simples, telles que des manches de haches ou d’autres outils ; ailleurs des cuirs et des graisses. D’autres colonies favorisées d’un climat plus chaud, et peuplées en grande partie d’Africains que la traite y a apportés, sont adonnées à des matières premières d’un autre genre, aux denrées dites coloniales, le sucre et le café principalement. Pendant ce temps, les états qui ont des