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UNE STATION
SUR
LES COTES D’AMÉRIQUE

II.
NEW-YORK ET LA SOCIETE AMERICAINE.

« La vie acquiert un charme particulier sur un sol anciennement habité et chez un peuple jadis fameux par son industrie, son activité ou son amour des grandes choses. Il semble que la nature y soit devenue plus humaine, et que les visions du passé, se montrant derrière le voile diaphane du présent, nous donnent la jouissance d’un monde double, magique domaine de la fable et de la poésie. » C’est un aimable et subtil penseur allemand, Novalis, qui parle ainsi, et pour comprendre la justesse de cette réflexion, il faut avoir visité ce New-York qui semble dater d’hier, cette ville toute jeune d’apparence, et à laquelle malgré soi l’on ne peut s’empêcher de demander une trace du passé. En vain voudrait-on y retrouver quelques vestiges des premiers maîtres hollandais du pays, de ces vieux knickerbockers dont l’esprit naïf et patriarcal était si loin de rêver la future splendeur de la colonie qu’ils fondaient ; en vain plus tard cherche-t-on l’empreinte des cent années de domination anglaise qui ont donné au pays sa forte éducation politique. On désirerait revivre une heure de la vie austère et puritaine de ces premiers temps, comme à Versailles on se sent revivre de la fastueuse existence