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DE L'ACCORD
DE
L'ECONOMIE POLITIQUE
ET DE LA RELIGION

De la Richesse dans les sociétés chrétiennes, par M. Charles Périn, professeur de droit public et d’économie politique à l’université catholique de Louvain, 2 vol. in-8o.

Pour un assez grand nombre d’esprits exclusifs, il y a une incompatibilité absolue entre les idées religieuses et l’économie politique. Cette prétendue antipathie se manifeste à la fois des deux parts ; on la sent plus qu’elle ne s’exprime dans les écrits de quelques économistes, qui semblent enclins à nier ou à restreindre les intérêts spirituels de l’humanité ; elle éclate surtout chez ceux qui se prétendent les pieux par excellence, et qui, du haut de leur fougueux spiritualisme, foulent aux pieds les intérêts corporels. Tous deux se trompent assurément, car l’homme est un être double ; l’âme n’a pas plus le droit de détruire le corps que le corps de corrompre l’âme. Les deux natures sont unies ici-bas par un lien indissoluble, et il est impossible de supposer que ce qui sert à l’une nuise à l’autre, car alors l’auteur éternel des choses aurait institué la guerre et non l’harmonie. « Le plus beau spectacle, disait Platon, serait l’union d’une âme et d’un corps également accomplis. » Ce mot de la sagesse antique est toujours vrai ; le christianisme, quoi qu’on en