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sont empressés d’envoyer à toutes les expositions de nombreux et magnifiques échantillons de bois. On se souvient encore du gracieux trophée qui, formé de planches, de madriers, de billes, d’outils, faisait en 1855 le plus bel ornement de l’annexe de l’exposition parisienne. En 1862, c’était à peu près la même répétition, et l’on ne pouvait s’en plaindre, car rien n’était plus pittoresque que cette pyramide de bois divers et d’objets à peine dégrossis dont l’aspect réjouissait l’œil plus que tous les étalages des industries de luxe. Parmi les essences qui s’y trouvaient représentées, il faut mentionner, comme les plus utiles, différentes espèces de chênes qui, bien que plus grands que ceux d’Europe, paraissent cependant donner un bois plus gras et plus poreux ; puis vient l’épinette rouge ou tamarac (laryx americana), très remarquable non par ses dimensions, qui ne dépassent pas 30 mètres de hauteur et 1 mètre de diamètre, mais par son bois, qui est d’une extrême durée. Facile à travailler, prompt à se sécher, le tamarac est très employé dans les constructions navales pour quilles, genoux ou varangues ; on en fait aussi des pilotis, des conduites d’eau et des clôtures qui durent plus d’un siècle. Cet arbre pousse sur toute espèce de sol, dans les plaines marécageuses aussi bien que sur les rochers les plus stériles ; il mérite à ce titre toute l’attention des sylviculteurs. Après lui viennent un grand nombre d’essences très employées soit dans les constructions, soit dans l’ébénisterie : le pin rouge, le pin jaune, le hemlock ou sapin du Canada, le cèdre rouge ou genévrier de Virginie, l’orme, le bouleau, le noyer noir, dont le bois est d’un beau violet, enfin l’érable, qui est l’arbre national par excellence, l’emblème du Canada. On en compte plusieurs espèces : l’érable blanc, l’érable rouge, l’érable onde, l’érable œil d’oiseau (bird’s eye) et l’érable à sucre, le plus remarquable de tous par sa beauté. Propre aux constructions comme à la menuiserie, ce dernier a en outre la propriété de fournir une sève qui, par la distillation, donne un sucre très estimé. C’est à l’âge de vingt-cinq ans qu’on commence à le saigner, et, à partir de ce moment, chaque arbre produit annuellement environ 2 kilogrammes de sucre cristallisé. On estime à 20 millions de kilogrammes environ la production totale du Canada.

Les Canadiens ne se contentent pas d’exposer leurs bois et d’attendre que sur ces échantillons on vienne leur en acheter ; ils vont au-devant de la demande, et cherchent de tous côtés à nouer des relations commerciales. C’est ainsi qu’ils ont dernièrement adressé en France, par l’intermédiaire de M. Gauldrée-Boilleau, notre consul-général à Québec, une collection de bois, avec l’indication des prix auxquels ils pourraient les livrer. Cette collection a été pendant quelque temps tenue à la disposition du public au ministère du