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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/67

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de ses accroissemens successifs avec la croissance rapide de celle des principaux peuples navigateurs, et on s’accorde à dire que le mot qui caractérise une pareille situation est celui de décadence.

La question de la réforme de la législation qui régit notre marine marchande est aujourd’hui à l’étude. Le conseil supérieur du commerce se livre à une enquête sur la matière. Il n’est guère douteux qu’à la suite de cette enquête les règlemens actuels ne soient remaniés, Jusqu’où le remaniement ira-t-il ? C’est le secret de l’avenir. Dès à présent toutefois on peut dire qu’il n’aura rien été fait que d’éphémère et de très incomplet tant qu’on n’aura pas renoncé à l’inscription maritime. Cette institution, que l’on vante encore par habitude, est au milieu de notre civilisation libérale un débris d’une époque de servitude et d’un régime où le monopole fleurissait. Tous les efforts qu’on accumulera pour multiplier en France la classe des gens de mer, soit pour le service du commerce, soit pour celui de la flotte, seront sans succès tant qu’on s’obstinera à refuser à cette profession ce qui est une irrésistible attraction dans les temps modernes, la liberté, et l’inscription maritime en est la négation.


X. — DE L’AGRICULTURE.

L’agriculture se trouve comprise sous la dénomination générale de l’industrie, et la plupart des observations qui précèdent lui sont applicables. Elle mérite pourtant une mention à part. De tous les arts utiles, c’est le plus intéressant par la grandeur de sa production et par le nombre des bras qui s’y consacrent. L’agriculture n’est pas restée étrangère au mouvement qui a développé de toutes parts la puissance productive de l’homme-dans l’exploitation des ressources de la planète, Il faut en faire l’aveu pourtant, c’est l’industrie dont le progrès a été le plus lent. On a fait beaucoup de découvertes applicables à l’agriculture, et la mise en œuvre en a été poursuivie par des hommes persévérons. Cependant, sur le continent européen et chez nous au moins autant qu’ailleurs, le perfectionnement de l’agriculture a eu le caractère d’efforts éparpillés plutôt que celui d’une marche majestueuse et en masse. Il y a eu beaucoup de progrès locaux ; il n’y a pas eu un progrès général. En France, on pourrait citer beaucoup.de départemens où l’on cultive la majeure partie du sol à peu près comme du temps de Columelle et de Caton. On y a conservé le même araire, et les Géorgiques y sont encore l’idéal du genre.

En dehors de l’Europe, sur plusieurs coins du globe, de grands résultats ont été obtenus dans les trois derniers siècles, et même depuis le commencement du siècle courant. Le sucre, le café, le cacao sont devenus dans quelques parties du Nouveau-Monde, particulièrement