la culture des oliviers, particulièrement en France, en Algérie, en Italie, en Grèce et en Espagne. Or cette culture, dans les climats qui lui conviennent, occupe souvent des terrains en pente où nulle autre ne saurait être entreprise, car il a fallu parfois, ainsi que j’ai pu le remarquer sur les coteaux de Lucques, ramener et soutenir la terre végétale autour de chaque pied d’olivier par un encaissement en murailles de pierres sèches. La culture de ces arbres peut profiter mieux que toute autre de certains engrais riches, mais d’une décomposition si lente et tellement difficiles à désagréger qu’on ne peut souvent les appliquer avec économie aux cultures annuelles. Les débris des cornes et onglons de quelques animaux, des tissus de laine et de soie, les os eux-mêmes lorsqu’on ne peut disposer de moyens économiques pour les concasser ou les broyer, tous ces engrais résistans conviennent parfaitement aux oliviers, car, enfouis autour de chaque pied, ils peuvent y demeurer sans inconvénient ; ils cèdent peu à peu, pendant cinq, huit ou dix années, les élémens organiques et minéraux, entretiennent, sans qu’on ait à s’en occuper, une alimentation graduelle, et ce qui dans les terres labourables serait un défaut constitue en ce cas leur principale qualité.
Au point de vue de l’industrie, du commerce et de l’économie domestique, l’innovation qui consiste à traiter les marcs d’olive offre plusieurs avantages notables faciles à comprendre, et que l’exposition de Londres a mis particulièrement en relief. En voyant exposé pour la première fois un savon d’une qualité tout exceptionnelle et en décernant à l’unanimité la médaille au fabricant, la plupart des jurés ne savaient pas cependant que le produit, supérieur par sa qualité, revenait à un prix moins élevé que le plus grand nombre des savons usuels : c’est qu’il était à peu près le seul qui ne contînt pas d’autre matière grasse que celle des olives, et que, ses caractères extérieurs ne ressemblant pas aux produits connus et classés dans le commerce, il était indispensable de l’offrir à meilleur marché pour décider les négocians à l’acheter.
Il est permis d’entrevoir le moment où l’exploitation des marcs d’olive, agrandie en vue d’en extraire toute la substance oléagineuse, prendra des proportions considérables. On pourrait s’en faire une idée en se rappelant que les 30 ou 40 millions de kilos d’huile d’olive obtenue chaque année en France représentent bien au-delà de 100 millions de marcs exprimés, que les quantités annuellement produites en Italie, en Grèce et en Espagne sont quatre fois plus grandes. Déjà plusieurs manufacturiers s’occupent de l’établissement dans ces pays d’huileries perfectionnées, et tout leur présage un succès fort désirable. Cette source nouvelle d’une matière première utile à nos savonneries sera loin de leur suffire et de fermer les débouchés à la