Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

extraient au profit de l’homme les substances féculentes, sucrées ou huileuses des tubercules, graines ou fruits, en laissant dans les résidus la plus grande partie des principes azotés, gras et salins, applicables directement à la nourriture des animaux et indirectement à la nutrition des plantes.

Le développement du commerce des engrais en vue de l’augmentation de la fécondité du sol, même sur les terres déjà très fertiles, méritait à coup sûr qu’on s’en occupât. Des chiffres ont permis de préciser l’importance de ce commerce en montrant les graves inconvéniens des falsifications sur les plus riches d’entre eux, le guano, le noir animal, les phosphates, etc., et en indiquant aussi les moyens faciles de réprimer ces fraudes commerciales ou de s’en garantir.

Enfin l’exposé des applications les plus récentes de la chimie et de la mécanique aux industries agricoles nous a conduit à faire connaître les remarquables résultats de plusieurs inventions françaises ; on a pu voir avec quelque intérêt l’extension de l’industrie récente qui extrait l’huile, naguère perdue, des marcs d’olive et des tourteaux de graines oléagineuses. Signaler de nouveaux progrès, réalisés en France, en Angleterre et en Belgique, dans les transformations des matières grasses fournies par les animaux des fermes et par les fruits du palmier sur les côtes africaines, c’était montrer par des exemples non moins significatifs combien le rôle industriel de l’agriculture pouvait s’étendre. À cet égard, la culture des plantes textiles, notamment l’extension si désirable de la production du lin et du coton, devaient fixer au plus haut degré notre attention au moment où l’effroyable guerre américaine suspend nos relations commerciales avec le plus grand des pays producteurs qui alimentent les filatures européennes. L’exposition internationale a fourni une excellente occasion de comparer les produits textiles obtenus dans les différentes contrées du globe, de déterminer les conditions sous lesquelles la culture du cotonnier pourrait devenir lucrative aux Indes orientales et occidentales comme dans notre vaste possession algérienne, peut-être même en quelques localités de l’Espagne et de l’Italie. Enfin l’un des problèmes les plus importans à une époque où le prix de la main-d’œuvre s’élève dans les campagnes, le labourage à la vapeur, est maintenant résolu grâce à des dispositions nouvelles. La conclusion à tirer d’un tel ensemble de faits, c’est assurément que l’industrie agricole est en voie de progrès dans tous les pays, et que l’instrument de ce progrès, c’est la science même, dont l’action se fait sentir aujourd’hui dans toutes les branches du travail humain.


PAYEN.