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à la mer. Celui qu’Apollon m’annonce arrivera peut-être par là, et qui sait si ce n’est pas le dieu Trésor en personne ? (Il sort.)

CARION.

Mon maître devient chaque jour plus crédule. J’arriverais peut-être, si je le voulais, à lui persuader que je suis un dieu moi-même ! (Il sort.)


ACTE DEUXIÈME.


SCÈNE PREMIÈRE.
MERCURE, tirant Plutus par une corde. PLUTUS..
(Plutus est aveugle, bossu, boiteux et couvert de haillons.)


MERCURE.

Allons, marche donc ! N’es-tu pas honteux de te faire tirer comme un chien en laisse ?

PLUTUS.

Patience, Mercure, patience donc !

MERCURE.

O le plus engourdi des êtres ! Je ne connais pas de plus rude corvée que celle de te mener chez les honnêtes gens !

PLUTUS.

Je le crois bien ! tu crains d’être mis à la porte !

MERCURE.

Le fait est que je ne me sens pas très en sûreté chez ces gens de la campagne. Ils n’ont rien à gagner à la guerre, et ils s’en prennent à moi de leurs pertes. Le commerce ne marche pas, disent-ils.

PLUTUS.

Réponds-leur qu’il vole.

MERCURE.

Ah ! tu fais de l’esprit, toi ? Voyons, il faut que par l’ordre de Jupiter et pour ne point fâcher Apollon, qui protège les Athéniens, je te conduise aujourd’hui chez les paysans. Hâtons-nous, je n’ai pas de temps à perdre, moi !

PLUTUS.

Je n’irai pas plus loin, Mercure ; je suis trop fatigué quand il me faut aller chez ceux qui travaillent. Ton père me fait une vexation et une injustice. Je n’aime à enrichir que les riches. Cela donne moins de peine. (Il s’assied.)

MERCURE.

Couche-toi donc comme un chien, stupide paresseux ! Vraiment, si les hommes te connaissaient, ils ne t’auraient pas même rangé parmi les dieux subalternes.