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SCÈNE V.
CHRÉMYLE, BACTIS, MERCURE, au fond.


BACTIS, à Chrémyle.

Cet étranger semble ignorer ce que tu veux cacher. Il insiste pour que tu l’écoutes.

CHRÉMYLE.

Allons, qu’il vienne ! (A part.) Je me méfierai ; oui, oui, à présent il faut se méfier de tout le monde. (Mercure approche, Bactis sort.)


SCÈNE VI.
CHRÉMYLE, MERCURE, sous le déguisement d’un héraut.


MERCURE.

Riche et vénérable cultivateur…

CHRÉMYLE.

Vénérable, je ne dis pas non ; mais riche, vous vous trompez l’ami : je ne suis pas riche.

MERCURE, familier.

Alors, mon pauvre homme…

CHRÉMYLE, piqué.

Par la sibylle, je ne suis pas non plus un pauvre ! Ne me parlez pas sur ce ton-là.

MERCURE.

Comment donc te parlerai-je, ô Chrémyle ?

CHRÉMYLE.

Parlez-moi honnêtement, et dépêchez-vous.

MERCURE.

Je viens ici par l’ordre du sénat…

CHRÉMYLE, vivement.

Je n’ai rien fait de mal ; je n’ai rien à démêler avec les magistrats de la ville.

MERCURE.

Qui t’accuse d’aucun mal ? Tu es bien craintif !

CHRÉMYLE.

Je ne suis pas craintif ; je ne crains personne, entendez-vous ?

MERCURE.

C’est à toi d’entendre ce qui m’amène. Je suis le héraut chargé de publier la guerre dans les campagnes.

CHRÉMYLE.

Par tous les dieux ! c’est là quelque chose de neuf ! Voilà plus de cinq ou six olympiades que nous avons la guerre avec tous les voisins, et tu penses que nous l’ignorons, nous qui nous en sommes tant ressentis !