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ont augmenté ; mais la patience et le génie du travailleur ne sont pas restés en arrière. À mesure que l’exploitation est devenue plus difficile, des méthodes plus puissantes ont été mises à l’essai, et tandis que dans les autres parties du monde l’extraction de l’or n’est en général qu’un pénible labeur, dans lequel l’orpailleur consume ses forces sur de grossiers appareils de lavage, l’exploitation des mines d’or en Californie est devenue un magnifique travail, digne de rivaliser en puissance et en hardiesse avec les plus audacieuses tentatives de l’industrie métallurgique de l’ancien monde.

Comment s’était formé cependant ce précieux dépôt d’or qui est venu donner une si énergique impulsion à l’industrie moderne ? La science a reconnu sans peine que l’or de la Californie est de création plus récente que les roches qui le renferment. Ces roches étaient depuis longtemps formées, lorsque éclata l’une de ces commotions qui, dans la série des temps géologiques, ont si souvent ébranlé la terre. Ce fut l’époque où se soulevèrent en partie les montagnes de la Sierra-Nevada. La masse entière de la planète était alors en travail ; l’écorce solide qui l’entoure s’était entr’ouverte, et avait livré passage aux matières fondues qui s’agitent encore dans l’intérieur du globe. Ces matières surgissaient en montagnes embrasées, et avec elles s’exhalaient de la fournaise souterraine des courans volatiles composés de soufre, de fer, d’or et d’autres substances pierreuses que le feu central charriait au loin par l’action d’un puissant véhiculera vapeur d’eau. Ces émanations métallifères remplissaient la contrée, s’épanchaient à sa surface ; elles pénétraient la masse de certaines roches qu’elles imprégnaient d’or, elles s’engageaient dans les mille fractures ouvertes dans le sol par le soulèvement même de la montagne, et formaient en s’y condensant des filons de minerais d’or. Telle fut l’origine de ce qu’on pourrait appeler les gisemens aurifères primitifs. Tous ces phénomènes éruptifs se produisaient peut-être encore lorsque les continens furent envahis par de grandes masses d’eaux violemment agitées : de profondes érosions s’ensuivirent ; les épanchemens d’or, précédemment amassés à la surface du sol, furent aussitôt balayés ; les roches, les filons aurifères furent démantelés et broyés, et tout un pêle-mêle de sables, de graviers et de limon mêlés d’or s’étendit en nappes épaisses sur toute la contrée. L’or restait inaltérable au milieu de ces débris ; il se classait, se séparait des sables agités par l’action diluvienne, et formait dans les couchés inférieures des dépôts d’une richesse souvent supérieure à celle des gisemens primitifs, dépôts que l’on peut désigner par le nom d’alluvions aurifères anciennes.

Après cette révolution géologique de la période diluvienne, la contrée avait pris son relief définitif. L’époque actuelle avait commencé, l’équilibre s’était rétabli entre les élémens, tout était rendu