en couronnement tout le long de ces vallées, mais il reste toujours à une très grande hauteur, à plus de 200 mètres au-dessus du cours des rivières. L’épaisseur de l’alluvion aurifère, mesurée sur le talus même du plateau, le long des vallées, est presque toujours supérieure à 30 mètres. Au centre, cette épaisseur est inconnue. Il y aurait lieu de penser qu’en certains points il ne faut pas compter moins de 100 mètres d’épaisseur de gravier mêlé d’or. L’étendue totale du placer, mesurée sur des cartes suffisamment exactes, est de 650 kilomètres carrés.
Si l’on admet maintenant que ce terrain diluvien, tout entier pénétré d’or, a pour épaisseur moyenne générale l’épaisseur minimum observée, 30 mètres ; si on lui suppose une richesse uniforme de 1 franc 30 centimes d’or au mètre cube (teneur accusée par un grand nombre d’exploitations), on verra que la valeur totale de l’or contenue dans ce seul lambeau du terrain aurifère n’est pas inférieure à 25 milliards de francs, chiffre énorme, qui pourrait paraître invraisemblable, à raison de l’énormité même, si on oubliait que la terre de pareils gisemens est celle qui, depuis moins de douze années, a produit 2 milliards 900 millions d’or.
Toute cette masse d’or, on peut l’extraire. Pour y arriver, nous avons vu qu’il fallait avoir de l’eau pour laver les terres et des tunnels pour évacuer les déblais. Et d’abord, les tunnels d’écoulement sont praticables, car en les ouvrant à mi-côte, par exemple dans les vallées de l’Yuba, on pourrait les pousser aussi loin qu’il le faudrait, avec la pente nécessaire, tout en passant au-dessous des couches aurifères. Il resterait d’ailleurs toujours dans la vallée un vide suffisant pour y loger les terres stériles. Les mineurs n’ont encore creusé que des galeries peu étendues, les grandes voies d’écoulement sont encore à entreprendre. Restent ensuite les eaux de lavage, dont il faut d’énormes quantités. Le problème est résolu pour le placer qui nous occupe. Une association de mineurs français a osé l’entreprendre ; elle a pleinement réussi, et son œuvre admirable, connue sous le nom de Eurêka Lake Water Company, répond d’une éloquente façon à cette étrange accusation de ne pas savoir travailler en commun, souvent formulée contre les mineurs français de Californie.
La compagnie Eurêka peut amasser les eaux des hivers dans trente-huit lacs ou vallées hautes de la Sierra-Nevada. Douze barrages, créant autant de bassins de retenue, sont déjà construits ; les canaux qui reçoivent les eaux et les distribuent sur tout le plateau ont une longueur totale de 337 kilomètres, ils franchissent les gorges de la montagne sur de nombreux aqueducs, dont un magnifique entre tous, celui de Magenta, mesure 1,900 pieds de long et 45 mètres d’élévation. La compagnie distribue déjà 40 millions de mètres cubes d’eau par an ; mais le jaugeage exact des sources dont elle