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CARION.

Comme les apparences sont trompeuses ! Je n’ai jamais eu la force de lever une demi-mesure de blé.

CHRÉMYLE.

C’est la vérité ; il n’est bon qu’à la cuisine.

MERCURE.

S’il n’est pas capable de ramer, on le fera grimper aux cordages.

CARION.

Pour être le premier percé de flèches ? Merci ! je suis sujet au vertige. Je peux à peine monter sur un pommier pour manger un fruit. Je me laisserais tomber, et ce serait fait de moi !

MERCURE.

N’as-tu pas de honte d’être si lâche ?

CARION.

Reprochez à ma mère de m’avoir fait comme cela.

BACTIS, impatient.

Ma mère m’a fait autrement. Elle était debout quand elle me mit au monde, et elle chantait l’hymne des guerriers. Emmenez-moi, et n’en cherchez pas d’autre ici.

MERCURE.

Tu es bien jeune et bien mince ! N’importe, tu as la volonté qui fait qu’un homme en vaut deux.

CHRÉMYLE.

Vous dites qu’il en vaut deux ? Alors prenez-le et rendez-moi l’argent.

MERCURE.

Tais-toi, ou je te fais intenter un procès qui te coûtera deux bourses et quatre hommes !

CHRÉMYLE.

O le plus détestable des espions ! fais-moi savoir le jour où tu seras mangé par les chiens, afin que ce jour-là je donne une fête ! (Bas à Carion.) Viens ! il nous faut vite cacher Plutus dans la cave ; autrement nous serons la proie des harpies ! (Il sort.)

CARION.

Adieu, Bactis ! je te souhaite bien du plaisir, (Il sort.)


SCÈNE XI.
MERCURE, BACTIS.


MERCURE.

Maintenant suis-moi et réjouis-toi de ton sort. Tu es trop beau pour faire la guerre ; je vais te vendre à mon profit à quelque vieillard qui te fera son héritier, ou à quelque satrape d’Asie qui te comblera de richesses.

BACTIS.

Tu prétends tromper ainsi Chrémyle et frauder l’état ? Prends garde, misérable ! je vais te prouver que j’ai la force de combattre !