Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/498

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1863.

La cérémonie de l’ouverture de la session est accomplie. Le discours impérial, dont certain bruit avait voulu nous faire appréhender l’absence, a été heureusement prononcé, et, à l’heure qu’il est, reproduit par les journaux ou placardé aux portes de nos mairies, il a été lu par tout le monde. De la bouche de M. le ministre d’état sont sorties les paroles sacramentelles : « Au nom de l’empereur, je déclare la session ouverte. » Le rideau est levé : à quelle représentation allons-nous assister ? J’ai entendu dire à un ancien lord-chancelier d’Angleterre, à un de ces Nestors de la vie parlementaire du royaume-uni, qu’en Angleterre jamais le cours d’une session n’avait réalisé les prévisions de l’ouverture, et qu’il était par conséquent inutile d’émettre des conjectures sur la marche et le dénoûment de la pièce qui allait se jouer. Cette observation est inapplicable aujourd’hui à la France. Nos chambres n’ont même pas, comme les chambres anglaises, la faculté d’introduire sur la scène l’espiègle imprévu. En politique pas plus qu’en littérature, nous ne sommes un peuple shakspearien. Immuables classiques, nous préférons, suivant l’expression impériale, aux luttes stériles les délibérations sérieuses. Point donc de curiosité haletante : attendons avec la gravité convenable les délibérations qui vont commencer.

D’ailleurs le discours de l’empereur n’appelle pas précisément l’attention sur l’avenir ; il est plutôt consacré au passé. C’est le sommaire habile des questions politiques qui se sont développées pendant la durée de la législature dont le mandat expire cette année. Nous avons trop souvent exprimé notre opinion sur ces questions diverses, à mesure qu’elles se sont produites et ont fourni leur carrière, pour oser répéter nos appréciations à propos de l’histoire concise que vient d’en tracer l’empereur. Nous avons le travers de porter à l’avenir plus d’intérêt qu’au passé ; aussi nous avons surtout remarqué les conseils que l’empereur adresse aux députés à la fin de son discours. Parmi ces brèves paroles, il en est une qui nous a particulièrement frappés : « Ne laissez pas ignorer, a dit l’empereur, qu’il reste