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la plupart des autres provisions qu’on y reçoit, l’argent qu’on en retire pouvant être mieux employé au profit des pauvres. Tels sont les tonneaux de navets et de betteraves envoyés par des fermiers de tous les coins de l’Angleterre, et qui encombrent les salles basses du magasin ; tel est surtout le gibier, contribution peu dispendieuse pour les propriétaires de chasses. Au plafond du garde-manger se balance une longue rangée de gigots de cerf; la plupart viennent du parc de lord Yarborough, qui en envoie douze par semaine. Les faisans sont vendus quelquefois par centaines dans un seul jour, et jamais, dit-on, les bourgeois de Manchester n’avaient fait pareille chère de gibier.


II.. — DISTRIBUTION DES SECOURS. — LES COMITÉS LOCAUX ET LES ÉCOLES.

J’ai dit les fonctions du comité central et l’esprit dans lequel il partage les sommes qu’il reçoit entre les divers comités de chaque localité pour la distribution des secours. Je n’ai parlé qu’en passant du comité du lord-maire, malgré l’importance que lui donne le nombre de ses souscripteurs; mais il ne siège pas à Manchester, et d’ailleurs il répartit aussi ses fonds entre ces mêmes comités locaux dont je vais indiquer les fonctions.

Ces comités, formés spontanément dans chaque ville, dans chaque district, ont naturellement des origines très diverses. Les uns existaient déjà comme sociétés de bienfaisance, et n’ont eu qu’à étendre leurs secours ou à modifier un peu leurs opérations; d’autres sont nés d’associations, comme il en existe tant ici, qui avaient avant la crise un but différent et spécial, mais qui, se trouvant déjà en rapports avec les ouvriers, étaient mieux préparées à connaître leurs besoins et à les secourir avec discernement. Enfin, partout où cela était nécessaire, les principaux industriels de chaque localité se sont empressés de créer de nouveaux comités au moment de la crise. Quelquefois des conflits se sont élevés entre deux de ces comités formés en même temps et ne reconnaissant pour arbitres que les souscripteurs dont ils briguent à l’envi le concours. C’est ainsi qu’à Ashton-under-Lyne deux comités plaident avec violence leur cause devant le public malgré la décision du comité central, qui a refusé sa confiance à l’un d’entre eux. Ces fâcheux exemples sont rares et d’ailleurs la liberté de ces discussions est pour le public une garantie du bon emploi des souscriptions.

Si ces comités sont d’origines différentes, les fonctions qu’ils remplissent aujourd’hui sont partout semblables dans le Lancashire. Tous distribuent des bons de soupe et d’autres provisions, des vêtemens et de l’argent, entretiennent des écoles pour les femmes et