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pour les hommes, et enfin sont assistés par un grand nombre de personnes de bonne volonté, de visitors, qui, comme l’indique le nom qu’on leur donne, vont voir dans leurs domiciles les ouvriers en chômage, et, en communication directe avec les victimes de la crise, se tiennent au courant de leurs besoins et peuvent les contrôler. Seulement dans les grandes villes, où il existe plusieurs comités, le plus ancien et le plus considérable joint à ces fonctions celle de répartir entre les autres les fonds destinés à la ville entière, et se décharge peu à peu sur eux du soin de la distribution. Il en est ainsi à Manchester, que je prendrai naturellement pour exemple de ce qui se fait ailleurs.

Le District Provident Society est une institution déjà ancienne. Depuis une vingtaine d’années, je crois, elle venait en aide aux ouvriers privés de travail, et subsistait de contributions volontaires. Elle se trouvait par là naturellement désignée au début de la crise pour distribuer les secours destinés aux ouvriers en détresse. Grâce aux souscriptions de la ville de Manchester, elle put entreprendre cette tâche, et aussitôt que le comité central fut formé, ce fut à elle qu’il remit toutes les sommes qu’il allouait à la vaste agrégation de Manchester et Salford, dont la population dépasse 440,000 âmes. Cependant de nouvelles agences charitables s’établissaient, et aussitôt qu’un comité était constitué dans un district, la société lui abandonnait toute action directe dans cette partie de la ville, et se bornait à lui remettre sur les fonds une somme proportionnelle au nombre de pauvres que ce comité se chargeait de secourir. Des comités se sont ainsi partagé la plupart des quartiers ou townships de Manchester, et je n’ai pas besoin d’ajouter qu’ils y ont une complète liberté d’action, disposant, outre les sommes qu’ils reçoivent de la société, des souscriptions qu’ils recueillent et des sommes que le lord-maire de Londres leur envoie quelquefois directement. La société conserve cependant la charge exclusive d’une grande partie de Manchester, car sur 5,300 familles, ou environ 30,000 personnes qu’elle secourait au moment où elle était le moins assistée, il reste encore 3,200 familles ou près de 18,000 personnes inscrites sur ses livres.

Le plus considérable des sous-comités de Manchester est une ancienne société appelée le Hulme working men’s Institute, qui a changé ses fonctions sous l’empire des circonstances. C’était autrefois une espèce de club, comme il en existe dans beaucoup de casernes et de manufactures, où, en payant une faible redevance, les ouvriers trouvaient un cabinet de lecture et un lieu de réunion. Les ouvriers anciens souscripteurs de l’Institute sont ruinés aujourd’hui, et le club a été transformé, comme je le dirai tout à l’heure, en un