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point aux besoins de l’établissement à certaines époques de presse, on imagina de mettre vingt-cinq souverains dans un plateau de la balance et vingt-cinq souverains dans l’autre plateau, puis d’augmenter de part et d’autre jusqu’à deux cents. De cette façon-Là, l’or ne se compte plus, il se pèse. Grâce à la nouvelle pratique, 1,000 liv. sterl. peuvent être payées en quelques minutes. À côté de la grande salle des paiemens, pay-hall, se trouve une chambre particulière, wheighing-room, où les souverains et les demi-souverains se trouvent soumis à une autre sorte de pesage. Il s’agit de ces fameuses balances inventées par un ancien gouverneur de la Banque, M. William Cotton, et qui fonctionnent, on le sait[1], à l’Hôtel des Monnaies. Les pièces d’or peuvent avoir perdu dans la circulation le poids légal ; telle est la question que décident maintenant ces infaillibles machines. Les souverains jugés par elles comme trop légers, c’est-à-dire comme usés par le frottement, sont aussitôt condamnés à disparaître : ils passent alors, séance tenante, par une autre machine qui démonétise cinq cents pièces d’or en une minute, — de soixante à soixante-dix mille dans un jour de travail. Comme presque tout l’or de la Grande-Bretagne se porte vers la Banque à un moment donné, il est aisé de comprendre l’influence heureuse qu’exerce un tel contrôle sur la monnaie courante du royaume pour la soutenir à la hauteur du type consacré, legal standard.

La Banque d’Angleterre paie au gouvernement la somme de 120,000 livres sterling par an pour le privilège d’émettre du papier-monnaie. Le profit qu’elle tire de ce privilège peut être évalué chaque année à une centaine de mille livres de la même monnaie. Elle ne gagne pourtant rien sur les notes de 5 livres sterling ; ses bénéfices ne commencent que plus haut, et encore dans ce dernier cas ne réalise-t-elle un profit que sur les 14 millions 1/2 qui ne se trouvent point représentés en or dans ses caisses. Une des sources de gain dans les transactions de ce département doit être le nombre plus ou moins considérable de billets de banque anéantis par divers événemens, comme les incendies et les naufrages. On a vu comment, dans certains cas, la valeur du billet perdu ou endommagé pouvait se recouvrer ; je n’en citerai que deux exemples. Un avare qui vivait fort retiré dans un quartier excentrique de Londres n’était point sans inquiétude pour son trésor. Comme il ne faisait jamais de feu, même pendant l’hiver, dans son parlor, il avait imaginé de cacher un paquet de bank-notes dans la grille de la cheminée sous des morceaux de bois et de charbon de terre qui semblaient tout préparés pour un des usages domestiques les plus communs en Angleterre. Quel voleur aurait jamais songé à sonder

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1862.