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SOUVENIRS
D'ASIE-MINEURE

I.
L’OLYMPE GALATE ET LES TURCS D’ANATOLIE.

A la fin du mois de mars 1861, Je quittais la France, chargé d’une mission scientifique en Asie-Mineure. J’avais pour compagnons, désignés sur ma demande, MM. Edmond Guillaume, architecte, pensionnaire de l’académie de France à Rome, et Jules Delbet, docteur en médecine. Dans les derniers jours d’avril, ils me rejoignirent à Constantinople, où j’étais depuis trois semaines déjà, occupé à chercher les deux serviteurs sans lesquels on ne peut songer à s’engager dans l’intérieur de l’Anatolie : un drogman, c’est-à-dire un interprète, et un cavas ou gendarme.

Rien n’était plus important que le choix de ces deux hommes; la réussite ou l’insuccès de l’entreprise en dépendait en grande partie. Il fallait des gens sur qui l’on pût compter, dont l’activité, la fidélité et l’énergie ne fissent point défaut au moment critique. J’avais beau parler couramment le grec et comprendre un peu le turc, il est bien des circonstances où il faut s’en rapporter à son drogman, bien des négociations délicates où l’on ne peut traiter et conclure que par son entremise. C’est lui qui devra faire tous nos achats, et s’il nous vole, les frais du voyage s’en trouveront sensiblement augmentés. Si, comme tant de drogmans, il sait d’une