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LA
CHARGE DE WENGROW

Deux cents jeunes gens, presque tous de la classe noble, dans l’affaire de Wengrow, s’offrirent de couvrir la retraite des insurgés en se jetant sur les canons russes... Toute cette jeunesse héroïque resta sur le carreau, mais elle sauva le gros du corps insurrectionnel.

(Presse du 13 janvier 1863.)


O sublime Pologne ! ô tombeau plein de vie !
Comme un marbre sanglant en vain la tyrannie
Pèse sur toi, ton corps est toujours agité,
Et tes tressaillemens au monde font connaître
Que jamais de sa face on ne fait disparaître
Un peuple ami du ciel et de la liberté!...

Elle s’était levée, et sur la sombre arène
Elle avait reparu, non l’œil rouge de haine
Et le poignet armé d’un sabre, d’une faux,
Mais calme, sans défense, et, dans son saint délire,
Avec des chants pieux essayant le martyre,
Pour toucher de pitié le cœur de ses bourreaux.

Le cœur de ses bourreaux ! Il fut plus insensible
Que le rocher muet sur sa base impassible,
Plus froid que le glaçon et plus dur que l’acier.
Et, quand vers lui monta sa clameur lamentable,
Il n’y fut répondu que par l’acte effroyable
Du knout injurieux et du plomb meurtrier.