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que ce bon philosophe de la campagne dans nos craintes et nos jugemens sur l’avenir. Il y a sans doute plus d’un exemple d’intérêts complètement déplacés par les nouvelles conquêtes de l’industrie ; mais on a vu aussi d’anciens systèmes résister au choc des innovations rivales toutes les fois qu’ils avaient une raison d’être. Les omnibus sont-ils menacés dans Londres par le même sort qui supprima, il y a quelques années, les diligences sur les grandes routes ? Rien ne l’annonce encore. Les besoins d’une grande ville comme Londres sont assez nombreux et assez compliqués pour se prêter en même temps à différens services de voitures. Ceux des omnibus qui ne pourraient point soutenir la concurrence sur les mêmes lignes avec les voies ferrées se répandront dans d’autres quartiers de la capitale où ils n’ont guère pénétré jusqu’ici, et où ils seront les bienvenus. En attendant, le débarcadère du Metropolitan, railway se trouve assiégé du matin au soir par ces anciens véhicules, qui ne semblent point du tout avoir envie de mourir. Les omnibus ont même subi de leur côté des changemens utiles ; ils se montrent plus larges, plus commodes et plus ornés qu’autrefois. Ces vieilles puissances ébranlées semblent vouloir tenir tête à la fortune en faisant du bruit et en jetant de l’éclat. Je ne crois point qu’elles disparaissent encore de si tôt ; seulement elles seront obligées d’accroître leur vitesse et de réduire leurs prix. De toute façon, le public y gagnera, car le vœu général est aujourd’hui à Londres la circulation rapide et à bon marché.

Faire vite, aller vite, ce besoin ne s’applique pas seulement aux moyens de transport pour les voyageurs. Dès 1859, il s’était constitué à Londres une compagnie qui se proposait d’établir dans la ville des tubes pneumatiques chargés de transmettre les dépêches et les paquets avec une vélocité merveilleuse. Cette compagnie fut autorisée par un acte du parlement à creuser les rues et à commencer sous terre ses travaux. Après quelques expériences, elle résolut d’enfouir un tube permanent de 30 pouces de largeur entre le débarcadère d’Euston et le bureau de poste du North-Western, dans Eversholt-street. Au mois de février 1863 eut lieu l’inauguration, à laquelle assistaient plusieurs officiers de l’administration des postes. Trente sacs de dépêches furent placés dans de petits chariots d’une forme singulière, presque semblables à des berceaux d’enfant. On fit alors le vide dans la chambre longue, et le train, aspiré comme un pois dans un tube de verre, atteignit le lieu de destination en une minute. C’est à rendre jalouse la vapeur. L’étendue de ce chemin est jusqu’ici peu considérable, — un tiers de mille ; — mais le. succès a été si éclatant que la compagnie va ouvrir des travaux à Holborn pour développer la ligne principale et y rattacher de nombreuses ramifications. Il serait peut-être curieux d’étudier l’histoire