Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 44.djvu/854

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas de vin ; une autre partie est découpée en tranches, puis séchée, et le schnitz forme dans l’alimentation un accessoire très apprécié. Les noyers, l’ornement des lacs et l’orgueil des vallées au nord des Alpes, et le châtaignier, qui couronne de sa brillante verdure leurs-versans méridionaux, donnent également d’abondans produits. Les noix servent à faire de l’huile, et les châtaignes rôties ou bouillies, castaneœ molles, apparaissent une ou deux fois par jour sur la table frugale du montagnard tessinois.

Comme la Suisse est principalement adonnée à l’économie pastorale, le chiffre de son bétail doit être élevé. Il monte à environ 2 millions de têtes, comprenant 400,000 moutons, 379,000 chèvres, 280,000 porcs, 100,000 chevaux et 875,000 bêtes à cornes, dont 525,000 vaches à lait. La Suisse possède deux races de l’espèce bovine très distinctes, également renommées à l’étranger, mais d’un mérite réel très différent. La première est la race de Berne, à robe tachetée. Elle est grande, forte, d’une fière tournure, imposante par sa masse, avec des cornes et une taille puissantes ; seulement elle exige beaucoup de nourriture, donne relativement peu de lait et s’engraisse difficilement. La variété de l’Emmenthal a des membres plus légers et est meilleure laitière. L’autre race est celle de Schwyz, à robe brune. Elle est grande aussi, mais elle a les extrémités fines, les cornes très petites, et, d’après des expériences répétées faites à Grignon et à Hohenheim, près de Stuttgart, elle donne autant de lait que la vache hollandaise et plus de crème. On rencontre dans le canton d’Uri et dans le Haslithal une variété de la race de Schwyz plus dégagée encore, aux jambes sèches, à l’œil vif ; leste et adroite comme les chèvres, c’est une vraie race alpestre. Jusqu’à présent les races suisses doivent leurs qualités aux influences-naturelles du climat et de la nourriture : l’homme n’a rien fait pour les améliorer. Depuis quelque temps, l’attention publique s’est tournée de ce côté. Les expositions internationales de bétail, où la Suisse a paru avec honneur, ont stimulé l’amour-propre des cantons et leur ont fait mieux saisir l’importance de la question. Des concours ont été établis, des primes accordées, et une heureuse rivalité stimule les efforts des éleveurs ; toutefois, dans un pays aussi montagneux que la Suisse, il ne faut admettre qu’avec prudence l’introduction du sang étranger : mieux vaut perfectionner encore la meilleure des races indigènes et la répandre le plus possible. Pendant les quarante premières années du siècle, le chiffre du bétail augmenta considérablement, depuis lors il est resté à peu près stationnaire : le nombre des bêtes à cornes a encore augmenté de 3 pour 100 ; mais celui des chevaux et du petit bétail a notablement diminué. Aujourd’hui, par 100 hectares d’étendue productive, la Suisse possède