Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

généreuse ardeur qui l’anime et l’intérêt tout nouveau qu’elle présente[1].

Or, tandis que les transformations sociales de nos jours jetaient cette lumière nouvelle sur la plus importante période de la plus grande des histoires, tandis que le drame de la république et de l’empire dans la France de 89 nous expliquait le drame de la république et de l’empire dans la Rome de César, il s’est trouvé, par une coïncidence curieuse, que le développement des études archéologiques nous a fourni toute une masse de matériaux inconnus à nos devanciers. En même temps que le point de vue général était renouvelé, la science épigraphique nous faisait pénétrer plus avant dans la connaissance des détails. Nous rencontrons encore sur ce terrain l’infatigable M. Mommsen, qui a consacré sa vie entière à l’histoire des Romains. L’académie royale de Prusse, il y a une quinzaine d’années, ayant voté l’impression d’un recueil complet des inscriptions latines, M. Mommsen avait proposé en 1847 un vaste plan de publication qui consistait à distribuer géographiquement ces précieux textes ; il pensait que le meilleur moyen d’éviter la confusion au milieu de matériaux si nombreux, c’était de les classer ville par ville et province par province. Ce plan ne fut pas agréé par l’académie ; on préféra la méthode contraire, la méthode purement chronologique sans distinction de territoires, et au bout de quelques années, après beaucoup d’efforts perdus, on fut obligé de l’abandonner comme impraticable. Pendant ce temps-là, M. Mommsen, qui avait recueilli tant de trésors épigraphiques dans ses longs voyages en Italie, exécutait lui-même son plan à ses risques et périls. Il publia en 1852 toutes les inscriptions latines du pays de Naples. Le succès fut complet auprès des juges les plus autorisés ; l’auteur avait prouvé à la fois sa compétence supérieure et la justesse de son idée. L’académie de Berlin s’empressa noblement de revenir sur sa décision, et M. Mommsen reçut mission expresse de diriger l’entreprise officielle, c’est-à-dire de préparer et de publier avec les auxiliaires qu’il lui plairait de s’adjoindre le Corpus inscriptionum latinarum projeté par la compagnie. M. Mommsen s’assura le concours de deux archéologues établis à Rome, MM. Henzen et Rossi, pour la partie historique de l’œuvre, tandis qu’un professeur de l’université de Bonn, M. Frédéric Ritschl, profondément versé dans l’étude de la latinité primitive, se chargeait des inscriptions dont l’intérêt est surtout philologique et littéraire. Les deux premiers volumes de la collection viennent de paraître presque simultanément,

  1. On a déjà caractérisé ici l’Histoire romaine de M. Mommsen. Voyez l’étude intitulée : la Philosophie et l’Histoire en Allemagne Nouvelles écoles : M. H. Fichte et M. Th. Mommsen ; — livraison du 15 octobre 1858.