Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

strada Lugana et laisse derrière lui ce village de San-Martino qui, selon les exigences de l’amour-propre italien, devrait donner son nom à la bataille. La division Mollard envoie deux reconnaissances inutiles du côté de Peschiera : elles reviennent sans avoir rencontré l’ennemi ; deux autres, dirigées vers Pozzolengo, combinent leur marche avec celle du détachement commandé par le lieutenant-colonel Cadorna, et, comme celui-ci, se heurtent bientôt aux avant-postes autrichiens, en avant de Pozzolengo et de Madonna délia Scoperta. À Pozzolengo se trouvent le 8e corps de l’armée autrichienne (Benedek), à Madonna della Scoperta une partie du 5e corps (Stadiori), établi à Solferino, et se reliant à celui de Benedek par les brigades Gaal et Koller.

De six heures à huit heures du matin (second moment de la bataille, où Medole fut enlevée à notre droite par la division de Luzy), l’armée piémontaise hâte le mouvement de ses divisions pour soutenir leurs avant-gardes, déjà fortement engagées. L’avant-garde de la 1re division, repoussée de Madonna della Scoperta, est contrainte de se replier vers Fenile-Vecchio ; celle de la 5e division (Cucchiari), aux prises avec les avant-postes de Benedek, envoie demander un prompt appui, que lui porte immédiatement le général Mollard (3e division), en dirigeant de ce côté toutes les forces qu’il a sous la main et en prenant position sur le flanc droit des Autrichiens. C’est en vain cependant qu’il cherche à retarder leur mouvement offensif, déjà très marqué. Les Piémontais, obligés de plier devant des forces très supérieures, exécutent en bon ordre leur mouvement rétrograde, et vont s’abriter au pied des hauteurs de Casetta et de San-Martino, garnies d’un bataillon de bersaglieri et d’un bataillon d’infanterie. On remarquera que la droite des Piémontais, commandée par le général Fanti, n’a point fait encore un pas en avant ; elle est immobile à Malocco, attendant des ordres qui n’arrivent pas.

De huit heures à dix heures et demie (troisième moment), les reconnaissances piémontaises ayant été rejetées sur leurs divisions respectives, le combat s’engage pour celles-ci dans des conditions défavorables. Elles restent disséminées ; on ne les verra se concentrer que beaucoup plus tard, et toujours elles trouveront devant elles des forces numériquement supérieures. Le général Durando, pourvu de renforts et que l’empereur invite à se relier au 1er corps de l’armée française, a tenté un vigoureux effort et s’est emparé momentanément de la position occupée par les Autrichiens à Madonna della Scoperta ; mais, entraîné à la poursuite de l’ennemi, un nouveau mouvement offensif de celui-ci le ramène en arrière, lui fait perdre la position conquise, et le contraint à se retirer, à la hauteur de Casellin-Nuova,