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LE BRESIL
ET LA SOCIETE BRESILIENNE
MOEURS ET PAYSAGES

I.
LE RANCHO.

Près de quatre siècles se sont écoulés depuis que Pedro Alvarez Cabrai prit possession pour la couronne portugaise de la péninsule australe du Nouveau-Monde, et cependant, sauf quelques aspects généraux de son histoire politique et morale[1], le Brésil, si l’on en excepte les ports de la côte visités journellement par le commerce européen, n’est que très imparfaitement connu. On ne saurait en être surpris. Le colon s’est toujours arrêté volontiers sur le bord de la mer ou à l’embouchure des fleuves. L’exploitation des richesses minérales a seule attiré de rares groupes de population sur quelques points de l’intérieur. Quant aux voyageurs que des missions scientifiques amènent, à de longs intervalles, sur cet immense continent, leurs observations, presque toujours enfouies dans des recueils spéciaux, sont perdues pour la plupart des lecteurs. Il reste à tracer un tableau fidèle de la vie sociale dans l’intérieur du Brésil, à montrer où en est dans les diverses parties de cet empire le travail de la civilisation. Peut-être un séjour de plusieurs années dans ce pays nous donne-t-il quelque droit à essayer cette tâche. Il y aurait à

  1. Indiqués à diverses époques dans la Revue, notamment dans les livraisons du 1er et du 15 juillet 1844, du 15 juin et du 15 juillet 1862.