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à celles des mines. Ces galeries sont creusées dans la couche de tuf granulaire qui couvre une si grande partie de la campagne de Rome, particulièrement sur la rive gauche du Tibre. Tantôt tortueuses, tantôt se coupant à angles droits, elles sont percées dans un terrain facile à tailler, mais assez compacte pour qu’elles puissent généralement se passer de voûtes, d’arceaux bâtis et de murs de soutènement. le temps les a dégradées, leurs parois ne sont point lisses ; la courbure du plafond n’est pas régulière, et en tout temps le travail en a dû être assez grossier. De droite et de gauche, sur les faces latérales, il a été pratiqué des excavations ou des alvéoles d’une grandeur inégale, mais pouvant recevoir dans leur profondeur un ou plusieurs corps sans cercueil. Ces tombes, étagées les unes au-dessus des autres en nombre variable, étaient fermées par une plaque de marbre, de pierre ou de brique, souvent revêtue d’inscriptions ou d’emblèmes chrétiens. De temps à autre, une niche cintrée est creusée au-dessus d’un sarcophage ou d’une sépulture placée en long contre la paroi, et ces enfoncemens se rencontrent ordinairement dans certaines salles rectangulaires, chambres sépulcrales réservées sans doute à une famille, et qui semblent disposées pour les cérémonies funèbres. C’est là ordinairement que des niches ou des voûtes en stuc et des tombeaux plus ornés offrent de précieux échantillons de l’art des premiers fidèles ; mais ces sortes de chapelles ne sont ni nombreuses ni spacieuses, et le grand développement des catacombes est en longueur. Comme elles n’ont pas été toutes visitées, il est impossible d’en évaluer l’étendue ; mais des calculs plausibles donnent à supposer qu’elles ont pu contenir plus de six millions de morts. Ce nombre serait loin d’être exagéré, lorsqu’on songe que du Ier siècle au VIe elles ont été consacrées à la sépulture des chrétiens.

Mais cette description ne permet plus d’admettre que des couloirs assez étroits, interrompus ou flanqués rarement par des salles dont les plus grandes ne contiendraient pas vingt personnes à l’aise, aient été des asiles préparés pour des multitudes persécutées. Comment, pendant trois ou quatre cents ans, des populations se seraient-elles de temps en temps entassées, sans air et sans jour, dans ces boyaux inhabitables, tant que durait la persécution, lorsqu’il leur était facile d’y creuser une ville souterraine, puisque par la supposition leurs ennemis ne les poursuivaient pas rigoureusement dans ces secrets asiles ? Il se peut qu’en des momens de pressant péril des chrétiens voisins d’une catacombe y aient cherché un refuge passager et accidentel, de même qu’il semble probable que la persécution a dû quelquefois les y poursuivre. Ils ont pu aussi, dans les plus mauvais jours, être réduits à ne célébrer leur culte que