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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 45.djvu/96

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La mort de Hori avait eu lieu le 10 janvier. Quelques jours plus tard, Ando avait été assailli par cinq bandits, et ne leur avait échappé qu’en mettant l’épée à la main et en se défendant vaillamment. Le 19 suivant, M. Heusken avait été tué. La coïncidence de ces événemens fit présumer que Hori avait recommandé aux siens de le venger.


IV

Le meurtre de M. Heusken marque une nouvelle phase dans l’histoire des relations entre les puissances étrangères et le Japon. La patience de nos représentans était à bout. En quelques mois seulement, plusieurs personnes avaient péri assassinées dans les grandes rues de Yédo ou de Yokohama, et soit complicité, soit impuissance, le gouvernement japonais n’avait pas découvert ni puni les meurtriers. Qu’il fût complice des crimes, ou qu’il n’eût pas la force de les empêcher, il était coupable. « Aux yeux du monde entier, lui écrivait M. Alcock, chaque gouvernement est responsable du maintien des lois qui protègent la vie et la propriété. » La cour de Yédo ne pouvant ou ne voulant pas maintenir ces lois, les représentans de l’Angleterre, de la France et de la Hollande, MM. Alcock, du Chesne de Bellecourt et de Wit, se crurent autorisés à changer la nature de leurs rapports avec le gouvernement japonais : ils quittèrent la capitale, dans laquelle ils avaient résidé jusqu’alors, et se rendirent à Yokohama, où, protégés par les canons de leurs vaisseaux, ils pouvaient vivre dans une. sécurité relative. Le ministre américain, M. Townsend Harris, resta à Yédo, protestant ainsi contre les mesures adoptées par ses collègues. Sa conduite amena entre lui et M. Alcock une violente discussion, à la suite de laquelle les représentans des puissances étrangères se partagèrent en deux camps[1].

  1. Un document anglais, le Blue Book de 1861, a donné les détails de cette discussion.