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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1863.


Deux faits remarquables sont venus, dans ces derniers jours, nous distraire du sombre et absorbant intérêt de la question polonaise. Nous voulons parler du congrès allemand qui est réuni en ce moment à Francfort par l’initiative habile et généreuse de l’empereur d’Autriche, et de l’acte par lequel les notables de Mexico offrent une couronne impériale à l’archiduc Maximilien. L’Autrichien est décidément le lion de cette quinzaine. Ce n’est point nous qui nous en plaindrons.

L’Autriche prenant la tête du mouvement libéral de l’Allemagne, ce n’est pas la moins inattendue des métamorphoses qui auront surpris notre époque. Ce rôle nouveau de l’Autriche est la suite naturelle de l’énergie réformatrice qui s’est manifestée dans le gouvernement autrichien depuis les malheurs et les leçons de la guerre d’Italie. L’Autriche a profité de ses revers en abandonnant la politique intérieure qui les lui avait attirés; elle a fait preuve de vitalité en se corrigeant. Ce grand dessein d’établir une monarchie constitutionnelle au-dessus et au travers de la bigarrure ethnographique que présente l’empire devait rencontrer des difficultés nombreuses et compliquées. Plus d’une fois on a pu douter du succès d’une telle entreprise. Le succès a été dû, il n’est que juste de le reconnaître, à la sincérité que l’empereur d’Autriche a mise à l’accomplissement de son œuvre. Il fallait que l’empereur commençât ses innovations par une sorte de renouvellement de lui-même. Il avait été jusque-là un souverain absolu; l’absolutisme n’avait pas été pour lui une attribution nominale : élevé à l’école de Schwarzenberg, il avait appris à l’exercer dans ses réalités les plus rigoureuses. Les juges compétens assurent que le despotisme a de grands charmes….. pour les autocrates, et que les princes qui en ont goûté ne peuvent plus s’en déprendre. Il faudra bien pourtant que cette dernière et honteuse forme de la barbarie, l’omnipotence arbitraire d’un seul, qu’elle