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UN
PAMPHLÉTAIRE CATHOLIQUE


M. VEUILLOT ET SES SATIRES

I. Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires, par M. Louis Veuillot. — II. Çà et Là, par le même, 2 vol. — III. Le Parfum de Rome, par le même, 2 vol. — IV. Satires, 1 vol., 1863.

Depuis que l’Évangile est descendu de la croix sanglante du juste et s’est répandu dans le monde en le renouvelant, depuis que le catholicisme, concentration de la doctrine chrétienne dans ce qu’elle a de plus entier, de plus absolu et de plus universel, a pris cette forte organisation qui a traversé des siècles et dont la tête est à Rome, l’église s’est vue mêlée à bien des luttes de la foi et de l’intelligence, et elle a figuré dans ces luttes sous bien des formes diverses. Elle a eu des apôtres, des saints, des martyrs, des docteurs, des apologistes ; elle n’avait point eu jusqu’ici ce que, pour sa fortune ou pour son malheur, pour son malheur bien plus que pour sa fortune, elle a trouvé de nos jours : un soldat de la plume, portant dans le domaine des discussions religieuses la turbulence des passions réunies du sectaire et du lettré, un polémiste irrité et irritant, se donnant de sa propre autorité de laïque la mission de faire la police autour du sanctuaire, quelquefois même dans le sanctuaire, un pamphlétaire s’enveloppant, selon un mot de M. de Montalembert, d’un lambeau de la pourpre pour mieux lancer l’invective. M. Louis Veuillot a été décidément ce pamphlétaire du catholicisme, ou du moins d’un certain catholicisme, ce polémiste scabreux, ce soldat de la plume se servant de l’église encore plus qu’il ne la sert, et, sans grossir son personnage, on peut dire qu’il s’est fait un rôle, une