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Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 46.djvu/810

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PÉRÉGRINUS.

Ce petit-là, c’est moi… jadis ! Il y en a bien d’autres ; mais laissons-les dormir dans leur boîte, puisque le bon magicien n’est plus là pour leur rendre le mouvement et la parole. (Revenant avec le théâtre.) Quant au théâtre…

NANNI, très enfant.

Ah ! qu’il est joli ! tout doré autour !

PÉRÉGRINUS, attendri.

Bonne Nanni ! Ce jouet-là est le seul que Max ne m’ait pas cassé dans notre enfance ; aussi je le mets tous les ans ici en évidence, pour moi seul. (Il place le petit théâtre sur le poêle.) Avec l’arbre… ici (il place l’arbre à côté du poêle.), afin que tout me rappelle autant que possible la dernière fête de mon vieux ami !… Mais aujourd’hui je ne suis pas seul, mademoiselle Lœmirt, puisque vous avez la… complaisance de prendre part à mes sentimens, à mes souvenirs, à ma folie peut-être !

NANNI.

Je ne vois pas là de folie, monsieur Tyss, et la preuve,… c’est que j’ai retenu un compliment de fête que ma grand’mère m’a appris pour la circonstance.

PÉRÉGRINUS.

Ah ! vraiment ?

NANNI, récitant.

Ami Noël, tu viens nous voir
Avec des présens…

PÉRÉGRINUS.

Eh ! mon Dieu, c’est le même compliment que je lui disais la dernière fois…

NANNI.

Oui, c’est vous qui l’aviez composé. (Récitant.)

Ami Noël, tu viens nous voir
Avec des présens pleins d’espoir.
Pour nous, Noël est un beau soir.
Pardonne-nous nos maladresses…

Vous riez ?

PÉRÉGRINUS.

De ma poésie, oui.

NANNI.

Mais moi, je trouve cela très bien, pour un petit enfant que vous étiez alors. (Récitant.)

Pardonne-nous nos maladresses ;
Nous te faisons bien enrager,
Et souvent l’on t’entend gronder ;
Mais c’est ta manière d’aimer,
Et nous connaissons ta tendresse. (Carillon lointain.)

Ah ! tenez, minuit sonne, notre compliment est dit, notre arbre est bien brillant, la bûche brille et chante. Je vais vous laisser finir votre veillée, comme c’est convenu.