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une des pièces importantes du débat actuel. La doctrine spiritualiste est d’ailleurs défendue dans un recueil philosophique que M. Fichte a fondé avec deux de ses amis, MM. Ulrici et Wirth, et qui est le plus considérable organe périodique que la philosophie ait en Allemagne. C’est la Revue de philosophie et de critique philosophique (Zeitschrift fur Philosophie und philosophische Critik), publiée à Halle. Dans ce recueil, la nouvelle doctrine matérialiste a été exposée et combattue avec beaucoup de force dans plusieurs articles par M. Zéising. L’un des directeurs du recueil, M. Ulrici, professeur à Halle, a exposé également les idées spiritualistes au point de vue religieux dans son beau livre intitulé Dieu et Nature (Gott und Natur, Leipzig 1862). Le spiritualisme a trouvé aussi des recrues dans l’école de Herbart, dont M. Drobisch est aujourd’hui le principal représentant. On peut rattacher à la même doctrine, quoique non mêlés à la querelle actuelle, M. Ritter, le grand historien de la philosophie, et M. Trendelenbourg, l’un des adversaires les plus pénétrans de la philosophie hégélienne, et dont les Recherches logiques sont un des livres les plus remarquables qu’ait produits récemment la philosophie en Allemagne. Parmi les philosophes qui ont surtout attaqué directement MM. Moleschott, Büchner et Vogt, on doit nommer M. Julius Schaller, auteur de Corps et Ame[1], auquel il a depuis ajouté un ouvrage moins polémique et plus scientifique sur la Vie spirituelle de l’homme[2], M. Drossbach, auteur de l’Essence de l’immortalité individuelle, le docteur Michelis (le Matérialisme érigé en foi du charbonnier) M. Robert Schellwein de Berlin (la Critique du matérialisme) M. Tittmann de Dresde, M. Karl Fischer d’Erlangen, etc., puis, comme méritant une mention spéciale, ceux qui ont défendu la doctrine de l’âme, en se plaçant au point de vue des sciences positives, et parmi ceux-là, au premier rang, M. Lotze, physiologiste éminent, qui dans deux ouvrages célèbres, la Psychologie médicale[3] et le Microcosme[4], a défendu le point de vue spiritualiste. M. Lotze revient au dualisme cartésien, et semble disposé à accorder que les lois de la vie doivent se ramener aux lois de la physique, de la chimie et de la mécanique; mais il sépare la pensée du corps: il accorde à l’âme seule le pouvoir législatif, et au corps le pouvoir exécutif. Quant à l’explication de la matière elle-même, M. Lotze adopte l’hypothèse monadologique de Leibnitz et de Herbart, et essaie de la mettre au niveau de la science contemporaine.

  1. Leib und Seecle, troisième édition, Weimar 1858.
  2. Das Seelesleben des Menschen, Weimar 1860.
  3. Leipzig 1852.
  4. Leipzig 1858.