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bles dans la marche de ces météores, qui disparaissent sans laisser de traces après avoir brillé quelques secondes à peine dans le ciel. On comprendra mieux encore la patiente ténacité qu’exigeait cette étude lorsqu’on saura que deux observateurs, regardant en même temps la même partie du ciel, ne peuvent voir les mêmes étoiles filantes, c’est-à-dire qu’à l’un des deux échappe plus de la moitié des étoiles que voit l’autre. Encore ne peut-on observer à la fois qu’une faible portion du firmament. Il fallait donc une rare persistance pour arriver à un résultat, car les observations faites en divers lieux et par diverses personnes ne sont pas comparables entre elles, et ce que les astronomes appellent l’influence personnelle a ici plus d’importance que partout ailleurs.

Il était intéressant de connaître la hauteur à laquelle apparaissent les étoiles filantes. Dès 1798, deux physiciens allemands, Brandes et Beuzenberg, essayèrent de résoudre ce problème. S’étant mis à 10 ou 12 kilomètres l’un de l’autre, ils notaient avec soin le moment de l’apparition de chaque météore et la direction où on l’avait aperçu ; puis, en comparant les heures des observations, ils s’assuraient que la même étoile avait bien été vue simultanément par chacun d’eux, ce qui était rare. Les directions observées donnaient alors par un calcul facile la véritable hauteur du météore. Des expériences analogues ont été faites plus récemment par M. Coulvier-Gravier près de Paris, et à Rome par le père Secchi. Ces dernières sont un exemple des services que la télégraphie électrique peut rendre aux sciences. Deux observateurs, placés l’un à Rome, l’autre à Civita-Vecchia, s’avertissaient l’un l’autre de chaque apparition au moyen d’un signal télégraphique. Toutes ces expériences ont fait voir que les étoiles filantes sont très élevées au-dessus du niveau de la terre. En moyenne, elles paraissent être à 120 kilomètres de notre globe et sont quelquefois beaucoup plus éloignées. Il est certain que jamais on ne les voit apparaître au-dessous des nuages. Leur vitesse est aussi très grande ; elle atteindrait, dit-on, 30 kilomètres par seconde, ce qui est la vites.se de translation de la terre autour du soleil. Cette altitude et cette vitesse considérables sont des raisons de croire que les étoiles filantes sont en dehors de l’atmosphère terrestre, puisque, s’appuyant sur des observations d’une autre nature, les astronomes admettent qu’au-delà de 80 kilomètres l’air atmosphérique a presque entièrement disparu.

Ainsi tout ce que les savans ont pu conclure sur ce phénomène après soixante-dix ans d’observations se réduit à bien peu de chose. Les étoiles filantes sont beaucoup plus élevées que les nuages. Le nombre en varie assez régulièrement suivant les heures de la nuit