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née ; or celle-ci ne le fut jamais que sous des princes étrangers : Charles III d’Espagne, Joachim Murat, Victor-Emmanuel. L’Espagnol l’avait tirée du tombeau, les Français lui rendirent la vie. Le général Championnet trouva le temps d’aller visiter les ruines, et l’on découvrit en sa présence une maison qui devait garder son nom, même après 1815, et qui le gardera toujours. Les Bourbons revinrent une première fois, les travaux languirent; les Bourbons s’en allèrent encore, les travaux furent repris avec vigueur. Ceci n’est pas de la polémique, c’est de l’histoire, l’histoire de Naples racontée par les fouilles de Pompéi[1].

Mais à quoi bon aller plus loin? Maintenant que la chronique des fouilles jusqu’à nos jours est résumée dans un tel contraste, il est permis de laisser de côté cette période de tâtonnemens qui nous sépare des travaux actuels. C’est Pompéi depuis l’établissement du royaume d’Italie que nous voulons surtout faire connaître, et c’est par les découvertes les plus récentes que nous pénétrerons le plus sûrement au cœur de l’antique cité, observée dans sa vie intime comme dans sa vie publique.


I.

Au moment de décrire les nouvelles fouilles, on peut maintenant préciser ce que les travaux de deux siècles avaient découvert. Si l’on interroge un plan de Pompéi, le premier venu, on y verra comme un œuf partagé en deux par une ligne à moitié tracée. Cette ligne s’appelait autrefois le carrefour de la Fortune: elle s’appelle aujourd’hui rue de Stables, du nom de la porte méridionale, où elle aboutit. A droite de cette, ligne, on ne trouvera sur le plan qu’une immense place blanche couvrant les deux tiers de la ville : c’était un coteau de terres labourées, vignes, vergers ou jardins plantés de légumes et amoncelés sur les matières qui avaient enseveli Pompéi. A l’extrémité du coteau, comme dans un ravin, se creusait l’amphithéâtre. A gauche de la rue de Stabies et jusqu’à 100 mètres du Forum, on remarque de nouvelles places blanches. Le coteau labouré s’avançait fort loin sur ce dernier tiers de la ville. Ainsi donc, tout bien mesuré, après cent douze années de travail, n’ayant à enlever que du gravier et du sable, les cinq Bourbons n’avaient pas déblayé le quart de Pompéi.

Depuis la révolution qui a créé le royaume d’Italie, la plus grande partie de ces places blanches, qui s’étendaient d’un côté entre la rue de Mercure et les théâtres, de l’autre entre la rue de Stabies et le Forum ont été découvertes. On a plus travaillé en ce peu de

  1. A la fin de son règne, Ferdinand II réduisit à 10,000 francs la somme destinée à ces travaux: encore la trouvait-il beaucoup trop forte.