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fois sous nos yeux, dans des exemples ridicules, cette équivoque qui consiste à donner une forme matérielle à des êtres spirituels. C’est en effet cette équivoque fondamentale que nous retrouvons à chaque pas, plus ou moins déguisée, dans l’histoire de la pensée humaine. Que de tentatives laborieuses, que d’efforts énormes pour concilier ce qui est inconciliable, pour enfermer le oui et le non dans un même mot, pour mettre le jour et la nuit dans un même lieu et un même instant! De là tant d’imaginations fabuleuses, tant de créations chimériques qui s’évanouissent quand on les regarde en face, parce que, n’ayant pour objet que ce qui n’est pas matériel, on les a taillées cependant en pleine matière, et qu’ainsi leur raison d’être est en même temps leur raison de n’être pas dans la forme où on nous les présente. Nous n’avons pas, bien entendu, la prétention d’indiquer ici, au pied levé, quelles précautions il convient de prendre pour concevoir sainement des êtres spirituels. Nous n’apportons point un critérium dans cette question délicate; nous signalons seulement quelques excès au sujet desquels tout le monde sera sans doute du même avis. Restons donc sur le terrain où nous sommes placé, terrain commode, où nous n’avons guère de contradicteurs à rencontrer, et où il n’est pas nécessaire de garder toujours son sérieux.

On a vu la mission que s’est donnée M. Home, qui est de prouver l’existence des esprits en montrant leur incarnation, en les faisant agir et parler, en agissant et parlant pour eux. Quand je dis qu’il s’est donné cette mission, on comprend bien qu’à l’entendre il l’a reçue. Il n’agit que sous le souffle céleste; il est à cet égard d’une « passiveté complète. » La faculté médianimique, c’est-à-dire le don de communiquer avec les esprits, est d’ailleurs chez lui tout à fait intermittente ; elle l’abandonne pendant des mois, pendant des années entières; elle lui revient sans qu’il en puisse découvrir aucune raison. Elle le quitte quelquefois quand il est trop accablé par la maladie; quelquefois aussi elle le soutient dans ses souffrances. « Fréquemment, durant mes plus graves accès de maladie, mes douleurs ont été soudainement calmées d’une façon mystérieuse, et bien des fois, lorsque je n’osais me remuer dans mon lit, craignant d’augmenter mon hémorragie pulmonaire, ma tête a été doucement soulevée, et mon oreiller arrangé par des mains invisibles! » Il a d’ailleurs le pouvoir médianimique à un si haut degré, qu’il le communique par momens à diverses personnes, témoin un jeune officier anglais de l’armée du Canada, qui, pour avoir fréquenté M. Home, vit tout à coup sûr son bureau sa plume se dresser d’elle-même et tracer sur le papier des communications surnaturelles. La protection divine, qui couvre M. Home, le garantit