Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/788

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

canal de l’Ourcq, et le domaine extraordinaire lui avança près de S millions. Enfin l’état consacrait dans Paris des sommes importantes à l’érection ou à la restauration des monumens historiques[1].

De toutes les œuvres accomplies sous l’administration du comte Frochot, la plus importante, celle qui montre avec le plus d’évidence tout le bien que peut produire l’initiative d’un homme éclairé, ce fut à coup sûr la réorganisation du régime des hôpitaux. D’après ce seul exemple, on pourra juger de l’ensemble d’une gestion si riche en résultats, et précisément parce qu’elle ne caractérise pas une époque où la guerre passait avant la philanthropie, une telle réforme mérite par elle-même qu’on s’y arrête un moment. Dès 1787, on avait eu la pensée de remplacer l’Hôtel-Dieu par quatre hôpitaux établis hors de Paris. Les habitans s’étaient empressés de contribuer par des dons et des souscriptions à l’accomplissement de ce projet; mais les événemens politiques le firent avorter. En 1793 néanmoins la convention décréta le transport dans des maisons nationales d’une partie des malades placés dans les hospices, et en 1795 elle établit deux nouveaux hôpitaux, un dans la maison d’orphelins de Beaujon, un autre dans les bâtimens neufs de l’abbaye de Saint-Antoine. Avec l’hospice du faubourg de Sèvres et celui du faubourg Saint-Jacques, c’était le projet de 1787 réalisé; mais le régime de ces établissemens était vraiment déplorable. Dans les hôpitaux consacrés à des maladies ordinaires, le nombre des lits était insuffisant,, et les prescriptions les plus simples en fait de dégagemens extérieurs et de salubrité à l’intérieur complètement méconnues. Dans les hôpitaux affectés aux maladies spéciales, plusieurs personnes occupaient souvent le même lit. A l’hospice de la Maternité, les services de l’accouchement et de l’allaitement se trouvaient confondus. Dans les hospices de la vieillesse, à la Salpêtrière et à Bicêtre, on avait réuni des malades, des infirmes, des fous et des condamnés. La Salpêtrière contenait de 7 à 8,000 femmes indigentes et autant de détenues. On y accumulait des femmes et des filles enceintes, des nourrices avec leurs nourrissons, des garçons jusqu’à l’âge de cinq ans, des filles de tout âge, des vieillards

  1. Les palais impériaux et les bâtimens de la couronne nécessitaient une dépense de 62 millions. Le Louvre seul en absorbait 50, on en avait déjà dépensé plus de 21. 6,700,000 fr, avaient été employés à dégager les abords des Tuileries, et 2 millions 1/2 à jeter les fondemens du palais du roi de Rome. Les églises de Sainte-Geneviève, Saint-Denis, Notre-Dame, le palais de l’archevêché, étaient restaurés. Les fondations d’un hôtel pour les postes, pour le ministère des affaires étrangères, pour le palais des Archives, avaient déjà entraîné une dépense de 3,800,000 fr. Enfin en dehors de il millions appliqués à d’autres travaux, près de 13 millions avaient été consacrés à la façade du corps législatif, à la colonne Vendôme, au temple de la Gloire, à l’obélisque du Pont-Neuf, à la fontaine de la Bastille.